Écriture créative : A la manière de… (5/5)

A la manière de Marguerite Duras.

Par Reid Schuncke

 

1

Francis est mort. Il est allongé sur son grand siège inclinable de cuir marron, dans son petit salon. Le papier peint de l’ancien mur s’écaille. Sa télé est allumée. Il était en train de regarder un match de foot. 

Comme d’habitude, Francis porte un t-shirt et son pantalon de survêtement qui doit être lavé. Il y a des traces de sang sur sa bouche et sur ses mains, mais on ne sait pas pourquoi il a saigné. Son visage est gris, ses yeux sont ouverts. On ne peut pas discerner son expression – est-ce qu’il est serein ? Fâché ? De cette perspective, rien n’est clair. 

À côté de Francis, il y a un verre. Il contient une substance collante. On ne peut pas le sentir, mais si vous connaissiez Francis aussi bien que moi, vous sauriez ce qu’il y a dans ce verre. 

On doit tourner le dos à Francis.

 

2

Francis et moi, nous étions jeunes ensemble. Nous avons grandi ensemble. Mais nous ne sommes pas morts ensemble. Viens! Viens avec moi, chérie! C’est Francis, et il a 15 ans. Il était le type de jeune qu’on aime et déteste, les deux. Il était charmant. Il était égoïste. Il était courageux, mais aussi négligent.

Viens! Viens! Et je suis toujours venue. 

Dans la chaise, Francis ressemble à un vieil homme, mais il a seulement 35 ans. Les lignes sur son visage sont intensifiées par la mort. 

Quand nous étions jeunes, il était beau.

 

3

Les empreintes sur son verre sont sanglantes. Il y a d’autres bouteilles qui encerclent Francis, des bouteilles de couleurs et tailles différentes. On remarque qu’il y a aussi du verre brisé. Des petits éclats de verre scintillent autour de l’homme mort, comme des petits diamants. 

Quand on tourne le dos à Francis, le verre est écrasé sous les pieds.


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A la manière de Marcel Proust

Par Lindsey Solo

Comme le dit l’adage : de connaître quelque chose comme le dos de vos mains, c’est d’avoir étudié chaque ligne, chaque courbe, et chaque tache de rousseur, mais je n’aime pas vraiment le dos de mes mains. Néanmoins, je passe le temps à me concentrer sur leur forme et chaque détail que j’aurais appris à détester. 

Vingt ans de curiosité visuelle ont transformé ma familiarité en une aliénation. L’eczéma, des doigts cassés, des bagues ternies, et des poils qui reviennent. J’oublie leur importance capitale quand je me concentre seulement sur leur forme physique. Chaque fois, quand je prends une douche trop chaude, ils risquent d’être brûlés, ils caressent mes chats, communiquant un amour simple (mais néanmoins profond), ils apprennent à écrire les histoires et à tourner les pages des romans, ils réchauffent les autres, prolongent mon corps hors de ses lignes rigides. 

Je ne sais pas quand la familiarité a commencé à impliquer l’engourdissement, peut-être en me regardant dans le miroir je me suis détachée d’une façon nostalgique. J’ai envie de contrôler mes pensées, mais alors c’est futile. Le travail de Simone de Beauvoir a démystifié mes pensées quand elle a écrit : « La femme… sait que quand on la regarde, on ne la distingue pas de son apparence. » Il semble que c’est une partie de l’expérience d’être une femme. Je me concentre toujours sur ce qui est tangible et immuable plutôt que l’inverse. Les couleurs, les lignes et les formes se métamorphosent en quelque chose de flou. J’ai perdu la vue. Dans un effort de réorientation, je baisse les yeux et retourne étudier mes mains. En faisant l’effort de prendre le contrôle de ma vie, mes mains ont décidé de décoller le miroir fixé à mon mur. C’était un acte de rébellion involontaire. 

Alors, il a laissé un cercle de colle sur le mur. C’est peut-être ce qui donne à la nostalgie une connotation pas complètement positive. C’est impossible de combiner toutes les versions différentes de nous-mêmes. Nos vraies identités existent comme des collages de petits et de grands souvenirs, cachées loin dans nos esprits. Notre existence est collective : une collection des moments du passé qui ont encore des impacts aujourd’hui, même avec les choix d’hier. Oublier, oublier, oublier notre réflexion. C’est seulement son ombre.  

Bien sûr, la colle oubliée est le lien entre tout cela. C’est suspendu comme un chef-d’œuvre, mais il ressemble à une tache. Trop transparent à nettoyer, mais avec le temps ces petites taches accumulées forment des nuages de mémoires oubliées – belles et irrésistibles. Des photographies des premières amours, un crayon gras rouge, des posters de Selena Gomez, tous ont laissé leur marque. Il semble que devenir adulte soit synonyme de restaurer les murs blancs banals dans notre chambre qui étaient avant cachés par des petits rappels de souvenirs que nous voulions garder pour toujours. Il semble que grandir comme une femme soit en partie d’oublier notre passé et de retrouver nos essences nues. De reconnaitre que nos conceptions de soi doivent contenir nos qualités abstraites. 

Écriture créative : A la manière de… (4/5)

A la manière de Virginie Despentes

Par Tremaine Dawson

Un parc qui se transforme en une forêt plus on le parcourt. Fabian commence son voyage vers 18h. La soleil va se coucher bientôt mais il s’en fiche. Il court tous les mercredis pour rester en forme et passer le temps car chez lui, c’est très isolé. Il écoute 6lack, un artiste rappeur américain qui l’intéresse puisqu’il a fait le choix d’apprendre l’anglais il y a deux mois. Il ne sait pas ce qu’il dit mais il aime le rythme et ses productions. Le paysage du parc est très joli maintenant. Les feuilles changent de vert à orange, marron, et certaines feuilles décorent le sol de son chemin. 

Pendant que la musique joue, il pense à sa vie. « Est-ce que j’aime ma vie maintenant ? Qu’est-ce que je voudrais faire à l’avenir ? Et suis-je prêt à changer ma vie ? » Ses pensées prennent tellement le dessus sur son esprit qu’il ne se rend pas compte qu’il est presque chez lui. Le chemin traverse le parc et après la forêt mène directement à son grand et nouvel appartement. Il y a 15 étages et il habite au 12ème. « Je peux voir toute la ville », dit-il à tout le monde qui lui demande pourquoi. C’est pas exactement faux mais c’est pas la vérité totale. C’est aussi pas son choix de vivre tout seul. C’est la vie. Je vous dirai plus tard. 

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A la manière de Marguerite Duras.

Par Claire Bennett

Dès que Paul revient de l’armée, il semble différent. Même s’il est difficile à décrire, néanmoins il est clair qu’il lui manque quelque chose. Oui, son bras droit sous le coude, mais Paul n’a pas besoin de son bras droit. Il n’écrit ni fait de sport ni mange à la fois avec une fourchette et un couteau. Donc, le fait qu’il n’a pas son bras droit sous le coude va assez bien pour Paul.

Pendant sa jeunesse, Paul était le pire avocat de la ville. C’était bien connu, et on se moquait bien de lui. Il pratique le droit immobilier, le domaine le moins respectable selon quiconque qui compte. Sous la direction de son père, il a perdu 30 kilomètres carrés qui avaient appartenu à une ferme de pommes de terre, une gaffe incroyable. De toute façon, il a donné ces 30 kilomètres carrés à une grande entreprise chimique, qui a inondé le sol avec plus d’une tonne de chlorofluorocarbures. Toute la terre est abîmée, et tout le fleuve en aval, aussi. Ça c’est la sorte d’histoire vraie qui ne pourrait pas arriver sauf dans une petite ville, et qui ne pourrait pas arriver sauf à quelqu’un comme Paul. Tant pis. 

Alors Paul est différent, et nous réfléchissions tout au long de son premier mois chez lui, réuni avec sa grande voiture rouge et les cigarettes qui lui étaient à nouveau librement disponibles. Ses dents semblent plus tranchantes, ses yeux plus bleus. En fait, la différence se trouve dans son travail. Non, Papa, laissez-moi, vous ne regretterez rien, je vous promets. 

Son père est mort. Tant pis. 

Mais après cette guerre, toute cette mort-là, il est impossible pour lui de perdre un dossier. Il a appris outre-mer une sorte de cruauté qu’il faut avoir pour réussir dans le domaine du droit immobilier. Paul a trouvé lui-même une belle femme, Stéphanie, qui est blonde et insipide et, nous pensons, ne lui pose aucun problème. Bien joué, Paul. L’argent, la femme, la vie. Tout ça. Pas le respect de la ville—on ne boit plus de l’eau et ne mange plus les pommes de terre—et il y aura toujours la petite difficulté avec ce bras droit, mais bon, tant pis.

Paul me donnait des coups de poing au lycée, d’habitude le jeudi, entre les cours de biologie et d’histoire. On oublie ce type de truc. De toute façon, il manque le bras droit à Paul, et malgré la guerre et les énormes muscles bronzés, je pourrais le battre dans un combat qui aurait été équitable s’il avait eu ses deux bras. En plus, on a de la peine pour Paul, le pauvre homme, donc ce n’est pas une grande injustice qu’il m’ait frappé au lycée. La vie le frappe. Tant pis. 

Il est vrai que les bonnes choses arrivent aux mauvaises personnes, mais il est aussi vrai que les mauvaises choses arrivent aux mauvaises personnes, comme moi. Je conserve les deux bras, mais je n’ai pas épousé une jolie femme ou quelque chose comme ça. Je travaille, mais je n’ai jamais causé un grave désastre écologique, et je ne suis jamais devenu le meilleur avocat dans un rayon de 500 miles. Tant pis. 

Un vendredi de mai, je dépasse Paul dans la rue. Il paraît avoir sanglé un bâton à son coude droit, cachant tout l’appareil sous la manche de sa chemise. Il est en colère, à cause de je ne sais quoi. Stéphanie marche trois ou quatre pas derrière lui, son regard fixé sur le trottoir. En quittant son appartement, un jeune homme traverse l’espace honteux entre le couple malheureux. Sous le soleil du printemps, on peut voir la beauté sur le visage de Paul, la beauté sous la cicatrice de guerre et la maigreur persistante de ses joues.

Je ne le vois plus jamais. Rien ne change dans la ville, et on s’en fiche, et c’est ça. Tant pis.

Écriture créative : Description précise (2/5)

Choisir un paysage ou un lieu, fréquenté actuellement ou pris en photo, et le décrire le plus précisément possible

Par Reid Schuncke

C’est ma période favorite de l’année : le printemps. Le soleil est faible, mais ses rayons font encore scintiller l’eau. L’air est frais, et il sent comme la pluie – je vois les petites flaques d’eau dans la terre vaseuse. Les grands roseaux se balancent dans le vent gentil. Je trouve ce petit lieu par un chemin qui n’a pas été taillé, proche de la maison de mon premier petit ami.
Je m’assois sur un quai ancien de bois. Un petit canot est attaché au quai, et il flotte sur l’eau. J’imagine qu’il était beau il y a 20 ans, quand il était libre de voyager sur le grand fleuve. Chaque fois que je le vois, il est dans la même position, attaché au quai.
J’enlève mes chaussures et je trempe mes doigts de pieds dans l’eau. Le fleuve est vert et marron, à cause de la pollution, mais de loin il est bleu comme le ciel. Je vois les algues qui veulent me saisir, leurs bras verts se balançant dans l’eau. Les vairons foncent dans l’eau, autour des algues et de mes doigts de pieds.
La berge opposée est couverte de forêts, les feuilles abritent de petites maisons aux toits rouge et brun. Les grands voiliers flottent sur un grand quai, et les hauts escaliers connectent ces petites maisons à leurs bateaux. Mon voilier favori s’appelle Marguerite. Il est vert et blanc, et son nom est écrit en lettres cursives d’or sur son côté. Il est tranquille, ici, mais de loin je vois une famille sur un canot à moteur, et le bateau fait des petites vagues qui touchent mes pieds, Marguerite, et les autres êtres qui apprécient le fleuve aujourd’hui.
Je m’allonge sur le quai, le bois éclaté dans mon dos. Maintenant, le ciel est couvert, et j’essaye de trouver des formes dans les nuages. Un chat, une grenouille, le visage de mon grand-père. Je pourrais rester ici longtemps, mais je vais partir quand des grillons commenceront à chanter.

 

Par Lindsey Solo

La petite chatte noire s’était roulée en boule. Son nez était niché dans les poils soyeux de sa queue. Si on plissait les yeux, on voyait un cratère dans le fauteuil en cuir et deux petites moustaches blanches flottantes. C’était de la sorcellerie.
C’est facile d’imaginer que ce cratère noir est vraiment un portail qui mène à un monde fantasmatique : plus on le regarde, plus on chute. La couleur du trône de la chatte est un bronze royal, vieux mais vif exactement comme la petite chatte noire. Les ombres créées par les crevasses du fauteuil cassent la juxtaposition de la couleur. Elle dort lourdement. Il serait plus facile de bouger le fauteuil que la chatte. Elle est coincée entre les lignes du coussin, mais c’est bien connu que les chats aiment être en boîte. Le coussin du fauteuil est gravé à la forme de son corps. Chaque fois qu’elle abandonne son trône, son impression réserve sa place, la gardant attentivement.
Son essence pénètre le cuir. L’accoudoir est orné d’éraflures, des sortes de cicatrices de combat. Elles donnent au fauteuil une texture d’éclaboussure : l’évidence d’un crime passionnel. Un bien aimé se transforme en un bien utilisé jusqu’à ce qu’il y ait besoin qu’on le remplace par quelque chose de nouveau. Une simple photo d’une chatte dans un fauteuil. En regardant, je me détends un peu. Ce doit être confortable d’avoir un amour comme ça.

Écriture créative F23 : un trajet ordinaire (1/5)

Raconter un trajet ordinaire que vous connaissez bien. Pour aller au lycée, à l’université, chez un ami, un parent, etc. Soyez le plus précis possible, à chaque étape de ce trajet.

Par Tremaine Dawson

Je descends de la ligne 4 et monte l’escalier à l’extérieur. Les personnes sont partout. Les coiffeurs et les coiffeuses, les habitués, et aussi les hommes d’affaires qui veulent vendre leurs produits. Je suis quelqu’un à la boutique pour chercher quel type de produits ils ont et aussi pour voir leur salon. Pendant la marche, je remarque que les boutiques se mélangent avec les appartements dans la rue. Les salons pour faire des cheveux, les banques, les boutiques pour la nourriture, les restaurants avec leurs odeurs spécifiques remplissent le premier étage. Les deuxièmes, troisièmes, et les autres étages ont leur propres fenêtres et un petit peu d’espace pour un balcon. Blanc, beige, marron ont coloré les murs des appartements. Aussi, une chose très intéressante pour moi, ce sont les ruelles entre les bâtiments qui révèlent encore plus de boutiques, des magasins, et des maisons. L’art du graffiti aussi remplit les murs qui n’ont pas beaucoup de couleurs. On peut voir des excréments de chiens partout dans la rue. Il y a des personnes qui passent vivre leur propre vie. Ils parlent dans les portables, parlent à quelqu’un d’autre, écoutent de la musique, ou simplement marchent vers leur destination. La circulation et le mouvement des voitures sont présents. N’oubliez pas que les vélos et les motos vont en même temps que les voitures. La bruit emplit l’air mais c’est pas un problème. Je suppose. J’espère.

 

Par Braeden Ingram

Voici les « escaliers du paradis », cachés dans le 12ème arrondissement. Ils s’appellent la rue Jacques Hillairet, les escaliers qui mènent quelqu’un de la Rue Montgallet au Jardin de Reuilly-Paul Pernin. Ces escaliers sont protégés par des murs des deux côtés. À côté du panneau qui vous dit que c’est rue Jacques Hillairet en bas il y a une des œuvres d’Invader, le graffeur célèbre. Cette œuvre est une étoile avec des yeux. Quand on commence à descendre les escaliers, on voit à gauche un grand mur, au sommet duquel il y a un petit balcon. Ce mur divise les escaliers et une coulée verte qui a remplacé un vieux chemin de fer dans les années 1990. Entre les escaliers et le mur à gauche il y a un espace d’un mètre et demi de large au sommet de tous les escaliers pour les plantes. Plusieurs vignes tombent du sommet du mur, et les plants qui poussent en bas sont envahis, mais d’une façon qui est belle. Quand on voit les escaliers en bas, on voit un escalier divisé en deux par des rampes et des lampadaires. Les rampes sont d’environ un mètre de haut. Entre chaque garde-corps il y a une lampadaire, cinq au total. Les lampadaires sont grands, et la tête pour la lumière est un cône blanc qui repose sur le dessus. Les escaliers ont quatre parties avec de petites plates-formes entre elles, avec un total de 60 marches. Cela signifie quinze par section d’escalier. À droite des escaliers, le mur est plus gros que le mur à gauche, et le mur est séparé en grandes étapes. Chaque étape est comme un petit jardin pour des plantes différentes. Comme les plantes à gauche, les plantes à droite sont envahies, mais c’est intentionnel, un style de jardinage conçu pour rendre l’espace plus naturel. Quand on atteint le haut de l’escalier on se retrouve dans le jardin, entièrement séparé de la rue ci-dessous.

Introduction : l’atelier d’écriture créative

Dans les prochains posts, vous pourrez lire les productions littéraires des étudiant·e·s de l’atelier d’écriture créative du programme d’automne 2023. Mené par Alexis Weinberg, cet atelier s’est déroulé sur 6 semaines et a été un moment d’échange créatif et fructueux ! Le travail des étudiant·e·s est introduit ici par leur enseignant.

Déjà la troisième édition de l’atelier d’écriture créative du VWPP !
Bravo à Braeden, Claire, Lindsey, Reid et Tremaine pour leur travail !
Voici dix textes – deux par participant.e – extraits de nos six séances d’atelier, retenus pour cette publication.
Ces textes sont publiés tels qu’ils ont été rédigés puis lus à haute voix pendant l’atelier. Seule la correction grammaticale a pu être retravaillée après coup. Subsistent ici et là quelques petites maladresses linguistiques qui ne portent pas atteinte à la compréhension : elles sont la marque d’un effort authentique et personnel d’expression en français.
Ajoutons que ce semestre, la sortie à la Maison de la poésie fut l’occasion d’écouter Marielle
Macé dire des extraits de son bel essai Respire, accompagnée par le musicien Mahut.
Un grand merci au consortium VWPP de me renouveler sa confiance, avec mes plus
chaleureuses salutations à Anne Brancky, Hannah Gersten, Sophie Kolesnikov et Divine
Bakumusu.

Alexis Weinberg

Découvrez les textes de nos étudiants inscrits dans le cours d’atelier d’écriture

Ces textes ont été sélectionnés par les participant.e.s à l’atelier d’écriture créative pour être publiés. Quelques textes parmi les nombreuses productions auxquelles cet atelier a donné lieu.

Ce fut un plaisir d’accompagner Carissa, Evelyn, Nicholas et Sam au long de ces douze séances.

Merci à tous.tes les quatre et merci au VWPP, en particulier à Tom et Lisa pour leur confiance.

Alexis Weinberg

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Par Carissa Clough 

Un lieu de mon enfance.

C’est plus calme ici. J’ouvre les yeux et tout est flou. Je les ferme. Je suis aveugle. 

Ma peau, brûlée par le soleil, est refroidie. Une vague s’écrase au-dessus de moi, je lève mes mains au-dessus de ma tête et je sens l’eau me balancer doucement. Les gens au-dessus de l’eau fuient la vague, ou sautent par-dessus, ou font la course pour plonger dans l’écume blanche de la mer avant que la vague ne les frappe. Mais ici, en dessous, je sens la force douce, je me balance doucement. Je suis en sécurité.  

Le son est étouffé. Je ne peux pas distinguer les sons, mais je sais que je peux écouter tout l’océan. Je ne peux pas voir. Je ne peux pas respirer. Mais je suis sans poids. Je flotte dans l’espace. Ici, sous l’eau, se trouvent à la fois le plus grand mystère et le plus grand réconfort. 

Je m’enfonce dans le fond sablonneux. Je pousse avec mes pieds, je donne des coups de pied pour atteindre la réalité. 

Texte d’imagination, explorant un champ lexical.

Je suis une femme légume. Je viens du jardin. J’ai des pieds de pomme de terre, un cerveau de brocoli, un estomac de pamplemousse et un cœur d’artichaut. Mes os sont faits de haricots verts. Je suis une femme légume.

Étant une femme légume, je pourris facilement. Ma durée de vie est de 3 à 5 jours. Il ne me reste que 5 jours à vivre. Aujourd’hui, j’ai vu un homme-fruit. Je crois que je l’aime. Ses yeux framboise, ses lèvres fraise, son estomac clémentine, son cœur pomme rouge…

Je l’ai vu une fois aujourd’hui, de l’autre côté du jardin. Il est interdit aux légumes et aux fruits de s’aimer. Nous devons toujours être séparés. Mais rien n’arrêtera mon amour ardent pour mon homme-fruit. 

Regarde ! Le jardinier arrive. Qu’est-ce qui est de saison ? 

L’homme-fruit, l’homme-fruit ! Il vient cueillir l’homme-fruit ! Il veut son pamplemousse ! Pas mon amour, mon chéri ! Quelle horreur ! Mais maintenant il vient pour moi. Oui, donnez-moi la mort si je ne peux pas avoir mon homme-fruit. Plus près, plus près, plus près. Il tend la main. De moi, que va-t-il choisir ? 

Je sens sa main se refermer sur mon cœur. Mon cœur d’artichaut cueilli et parti. 

A la manière de Duras.

           Pierre a rencontré Camille à une fête d’anniversaire d’un ami commun. Elle travaillait comme journaliste de mode, son père a trouvé ce travail pour elle. Elle a vécu à Paris toute sa vie. Elle était journaliste, mais elle aurait pu être modèle car c’était la plus belle fille que Pierre ait jamais vue. C’est vrai—j’ai vu des photos d’elle.

            Il semble que les plus belles filles soient toujours les plus tristes. Une chose étrange que Pierre m’a dit à son sujet est qu’elle aimait les photomatons. Elle avait un tiroir dans sa chambre rempli de bandes de photos d’elle seule. Les photos sont devant moi maintenant. Cheveux blonds, visage sérieux. À quoi penses-tu, Camille ? Qu’est-ce qui ne va pas Camille ? Il y a au moins une centaine de bandes de photos. L’une d’entre elles m’a frappé. Elle pleure. Son stick à lèvres est étalé. Il n’y a qu’un flou gris là où ses lèvres devraient être.

            Elle a quitté son travail par hasard un jour du printemps dernier. Elle a dit à Pierre qu’elle voulait une pause de la vie urbaine. Elle voulait déménager dans le sud. C’était deux semaines avant sa disparition. 

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Par Evelyn Lochart

A partir d’expressions idiomatiques comportant le mot « cœur ».

Tous les jours, j’essaie d’avoir mon cœur sur la main, mais je n’arrête pas de le laisser tomber. 

Mon ami, il a un cœur en or mais il m’a dit que c’est trop lourd dans sa poitrine, et qu’il pense à s’en débarrasser.

Je connais quelqu’un d’autre qui fait vraiment le joli cœur. Je ne peux pas passer trop de temps avec lui, parce qu’il dérange les feuilles de mon cœur d’artichaut. 

Chaque fois qu’il joue avec mes bourgeons, mon cœur devient gros, et je dois le remettre de ma main à ma poitrine pour que je ne puisse pas entendre ses cris.

Mais, après avoir passé du temps dedans, avec le sang et l’oxygène, mon cœur devient net, et j’essaie de le porter sur ma main encore.

Un lieu de mon enfance.

Derrière la maison de mes grands-parents, il y a un patio en pierre, avec quelques chaises plastiques blanches et une table en verre, à côté d’une pelouse. En été, des petits papillons jaunes arrivent pour se reposer sur les bras des chaises, en battant doucement de leurs ailes, qui donnent la lumière au soleil. 

Si on traverse au bord du patio, on voit un œuf plastique bleu, demi-caché, oublié par les petits chasseurs de Pâques de l’année précédente. 

Quand on continue sur l’herbe, à droite se trouve la petite maison rose et verte, où, après que les enfants sont rentrés pour dîner, les fourmis et les araignées continuent à s’amuser. 

L’herbe est un peu étrange ; il y a un grand rectangle au centre plus clair qu’ailleurs. Ce rectangle couvre l’endroit où se trouvait la piscine, dont l’image diminue dans mon esprit. Peut-être que les souvenirs sont enterrés sous le sol. 

Mais, maintenant, les nouveaux souvenirs sont enterrés avec les autres ; la maison est vendue. Je n’y vais plus, la maison est là mais pas la maison rose et verte, pas l’œuf bleu, peut-être même pas les petits papillons du soleil.

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Par Sam Rapkiewicz

Focalisation interne / Focalisation zéro.

J’étais assise dans le parc l’autre jour, appréciant le beau temps. Il y avait un peu de monde pour un jeudi et je suis devenue un peu irritée par le bruit des enfants qui criaient et pleuraient. C’est un son qui est presque infernal pour moi. Quand j’entends ce son, je ne vois que les choses laides autour de moi. C’est alors que mes yeux ont trouvé un petit écureuil se précipitant sur une fine branche d’arbre. J’ai regardé avec attention l’écureuil sauter sur une autre branche, atterrir à peine. Commençant juste à se sentir soulagée, la créature stupide a sauté d’une autre branche bancale, sauf que cette fois, elle n’a pas réussi à atterrir sur l’autre branche, et plutôt a chuté à peut-être de 15 mètres au sol. Le bruit sourd n’était pas audible sur les cris des enfants.

Les cris, les gémissements des enfants fraîchement sortis de l’école.

Leurs parents les traînent dans le parc, hagards.

C’est l’automne et les feuilles commencent à s’accumuler sur le sol, ce qui produit un son de craquement satisfaisant lorsque les gens marchent dessus.

Les arbres sont grands et orange, jaune et rouge. Ils semblent tranquilles puisqu’ils sont un peu à l’écart des bruits des enfants. Mais ce sont des arbres— ça ne les dérange pas.

Mais les animaux oui. Les oiseaux et les écureuils se réfugient en hauteur dans les arbres, observant le chaos en contrebas. Vers la cime d’un arbre particulièrement vieux au milieu du parc, un jeune écureuil court sur une branche vacillante.

C’est comme une corde tendue, et d’un seul faux pas, le pauvre tombe et meurt.

La vie dans le parc continue… il semble que personne n’ait remarqué la tragédie.

A la manière de Virginie Despentes

Il y a un homme qui est assis sur le perron du coin. Il est assis toute la journée, regardant les passants. Un téléphone est plaqué contre son oreille, et il a un cigarette à la main. Son rire résonne dans la rue. Les voisins passent la tête par les fenêtres, d’abord indifférents à lui, mais plus tard dérangés.

C’était l’été quand il s’est présenté. Et il est resté. Même les jours de pluie, l’homme se place juste sous l’auvent pour éviter la pluie. Il fait plus froid, et à New York il fait glacial. C’est décembre et l’homme est là. Les voisins commencent à formuler des idées sur lui : est-il sans abri ? Alors pourquoi il a des nouvelles baskets cool tous les jours ? Peut-être qu’il reste assis dehors toute la journée pour échapper à une mauvaise situation familiale et revient à 22h tous les soirs.

Un jour, l’homme n’est pas là. Les voisins se concertent… Où est-il ? Bien que certains d’entre eux aient été agacés par sa présence d’abord, ils ne peuvent s’empêcher d’être un peu inquiets. Lui avaient-ils souhaité quelque chose de terrible ?

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Par Nicholas Summerson

Un trajet familier.

Je monte la colline et je marche parmi les grands arbres, le hêtre, le chêne, l’érable. Leurs branches poussent vers le ciel et leurs feuilles font un voile qui projette des ombres sur le sol. Sous mes pieds les feuilles du dernier automne craquent bruyamment—tous les animaux dans les environs savent que j’entre dans leur territoire, mais en fait c’est mon territoire aussi. J’ai grandi parmi ces arbres et je les connais bien, des visages dans leurs écorce sont familiers comme un ami. J’arrive au sommet de la colline et je regarde derrière moi, je suis en haut et ma maison semble être si petite. J’entends les sons des voisins qui jouent avec leur chiens et des cris et des rires des enfants qui jouent au basket dans la rue. Je descends de l’autre côté de la colline et ces sons disparaissent, ce côté est calme. J’entends des chants des oiseaux et le bourdonnement des insectes. Je m’assois sur une grande pierre. Elle est ancienne. Elle est couverte de mousse. Elle est arrivée ici il y a longtemps. Elle a un nom que je pourrais découvrir si je l’écoutais attentivement et pour longtemps. Je m’allonge et je regarde vers le ciel, ce bleu immense qui existe en haut, ce royaume des oiseaux et des esprits. Le soleil, en brillant à travers les feuilles, éclaire la forêt avec une lumière douce et verte, et dans les petits espaces entre les feuilles le soleil semble être des milliers d’étoiles luisantes et magiques. En silence, tout tranquille, je fais un petit vœu, je respire et je le laisse s’envoler loin de moi.

A la manière de Duras.

Il s’est trouvé dans les ombres. En fait il a existé dans les ombres toujours. Il a eu un nom, mais c’était un nom silencieux. Il était seul. Il s’est caché dans une mer profonde, noir et chaotique. Mais un jour quelque chose s’est passé, une lumière est née dans le ciel—la mer n’est plus noire, elle brille. La lumière aussi avait un nom—mais c’était un nom avec un son qu’on ne peut que prononcer entre les moments, en dehors du temps. Il était intéressé par cette lumière—elle était si différente de lui. Il en a approché et pour la première fois il s’est senti chaud. Sa lumière lui a beaucoup plu. Elle était le bonheur—si étrange pour lui. Il était habitué à l’obscurité. Il a avancé vers elle et les deux ont commencé à danser. Puis son cœur a commencé à faire un rythme—la première chanson, un tambour si simple, si doux. Il a fait un autre pas vers elle et son corps s’est illuminé. Il s’est regardé pour la première fois et il a réalisé qu’il était laid. Il s’est détesté. Et il a détesté la lumière pour lui avoir montré sa laideur. Il ne pouvait pas rester là, dans le ciel. Il s’est jeté dans la mer et il s’est caché au fond de la mer—le seul endroit où la lumière n’a pu pas le toucher. Il s’est marié avec les ombres, les monstres dans la profondeur. Et dans l’obscurité il était seul encore, mais il est resté quelque chose du ciel—le battement de son cœur. Il s’est souvenu de la lumière, sa beauté et sa gloire. Sa mémoire a brisé son cœur. Son cœur sanglotait et son sang faisait une rivière rouge dans ce monde bleu et sombre. Cela, c’était le premier poème.

C’est la saison des champignons !

Pour sublimer les champignons : ne pas dénaturer le produit. Un savant équilibre orchestré par nos chef·fe·s du jour : Olivia et Siméon ! Pendant 4h ils ont appris à travailler ce produit si délicat. Pensez aux cours de cuisine pendant votre séjour à Paris 🍄🍽🍴

Adresse : Coin Cuisine — 110 rue du Théâtre 75015

VWPP Fall 2021

Le Musée Grévin

C’est un endroit où vous pouvez voir vos célébrités préferées et rencontrer des grands personnages de France : Le Musée Grévin. Les statues en cires sont, dans la plupart des cas, précis et vraisemblable à la personne réelle. Je suis allée en septembre pour passer le temps et comparer au Musée Madame Tussaud’s aux États-Unis.
Les salles sont bien décorées et c’était sympa voir les personnes en cire. Le jeune prodige musical Mozart avec un casque de dr.dre beats™ sur sa tête était très drôle. Si vous souhaitez voir vos acteurs, chanteurs, artistes préférés et prendre un selfie avec eux, je vous conseille d’aller au Musée Grévin. Situé dans le 1er arrondissement, vous pouvez vous promener dans les passages couverts de Paris. Une bonne promenade quand le temps est pluvieux et vous pouvez faire un peu de window shopping en même temps !

Écrit par Olivia Nee — VWPP Fall 2021

L’Ile de beauté par Sienna Ropert

Écrit par Sienna Ropert

Notre visite en Corse est gravée dans ma mémoire comme un nuage suspendu, isolé du chaos de mon dernier mois en France. Nous étions complètement imperméables à la situation du virus; pour nous, c’était loin. Nous n’aurions pas pu deviner à quelle vitesse la situation allait dégénérer, depuis notre bulle, nous n’aurions jamais rêvé à quel point le virus était proche. Dès que nous avons de nouveau mis les pieds en France métropolitaine, c’était comme si une sorte de mini-bombe avait explosé. On nous a demandé si nous avions voyagé dans le nord de l’Italie. Et à partir de ce moment tout est monté en spirale. Et maintenant je suis là, vous écrivant de ma maison en Californie, où je n’aurais pas dû être si tôt, à propos de mon voyage en Corse, la bulle flottante de calme avant la tempête.

Je suis arrivée un jour avant le groupe; j’étais seule et il faisait nuit. J’ai quitté mon hôtel pour marcher dans les rues d’Ajaccio, vides comme elles le sont en février. J’ai pris la petite rue à côté de mon hôtel; je l’ai suivi jusqu’au bout, là où elle rencontrait l’océan. Je ne pouvais voir l’eau que par le reflet de la lune. J’ai levé les yeux et j’ai été confrontée à une scène que je n’avais pas vue depuis plusieurs mois — le ciel de Paris la nuit est jaune des réverbères. Un spectacle d’étoiles, clair et brillant, m’a accueilli. L’océan ondulait doucement et la ville était silencieuse par rapport à Paris.

Maggie, Nam, Lily, et Tracy sont arrivés le lendemain matin; avant de les rencontrer, j’avais visité à la fois le marché aux puces, où j’ai acheté pour dix euros une charmante petite peinture carrée représentant une barque en bois amarrée au bord de l’océan, et le marché aux fruits et légumes, où j’ai acheté une pomme et deux clémentines pour un euro. Nous nous sommes assis ensemble, sous le soleil, avec tous nos bagages sur la terrasse d’un café qui vendait des paninis. Nous sommes revenus ici au moins trois ou quatre fois pendant notre séjour; non pas parce que c’était quelque chose de particulièrement de spécial, mais parce que la plupart des restaurants de la ville étaient fermés en hiver. Ayant pris un vol à 7 heures du matin, ils ont tous commandé au moins trois cafés chacun; les serveurs étaient légèrement confus, mais après notre troisième visite, n’étaient plus choqués par la pile ridicule de petites tasses à café sur notre table — ils nous en ont même offert quelques-uns gratuitement lors de notre dernière visite.

Lors de notre deuxième jour à Ajaccio, nous avons marché depuis notre Airbnb jusqu’au début d’un chemin de randonné, caché au bout d’une petite route. Nous avons grimpé en haut dans la montagne, en suivant la douce courbe de la côte. Nous avons traversé des bosquets ombragés, nous avons sauté à travers des ruisseaux bouillonnants et nous avons déjeuné sous d’énormes eucalyptus — le tout avec une vue magnifique sur la Méditerranée et ses nuances infinies de bleu. Il y avait une partie du chemin qui semblait presque suspendue au-dessus des nuages; courbée le long de la montagne, il était bordée de tous côtés par de grandes fleurs blanches et de lavandes sauvages. Le soleil était si bas à ce moment que sa lumière dorée filtrait à travers les pétales. Je suis retournée en ville un peu plus tôt que le reste du groupe; j’ai quitté le chemin au coucher du soleil.

Le lendemain, nous sommes partis d’Ajaccio dans un tout-petit train de trois ou quatre voitures. Il secouait sauvagement et le moteur a fait des bruits gémissants mais, malgré les bruits, il y avait un silence qui accompagnait ses belles vues. Nous avons traversé des forêts, des rivières, des cascades et d’immenses vallées. Nous avons croisé des vaches et des chevaux au pâturage. La plupart des petites gares où nous nous sommes arrêtés n’étaient rien que des petits bâtiments entourés de nature et de pâturages; la nôtre n’était pas différente. Le soleil disait au revoir au horizon en nous, on disait au revoir au petit train; il faisait noir quand nous sommes finalement descendus du train à Ponte Novu. Notre hôte et sa fille nous attendaient avec leurs voitures pour nous conduire à notre logement — nous étions trop jeunes pour louer une voiture.

Durant le court trajet en voiture à travers le chemin de montagne boisé (le chemin que nous allions plus tard monter et descendre plusieurs fois), nous avons appris que notre hôte et son frère étaient les seuls résidents permanents du village. Notre hôte avait grandi dans le village quand il y avait tous les villageois, au moins 80, il nous a dit. Il n’y avait aucune route goudronnée menant au village jusqu’en 1968. Il nous a dit qu’il montait et descendait ce chemin sur son âne pour prendre le train menant à l’école à Bastia.

Un soir, il nous a chanté des chansons traditionnelles corses. Lui et son frère ne se parlent qu’en corse — c’est la langue avec laquelle ils ont grandi. Une autre nuit, nous avons assisté à la soirée karaoké du village. Il y avait plein de gens qui chantaient des chansons françaises et corses — nous pensons que la plupart des résidants des villages aux alentours étaient présents. Tout le monde se connaissait.

On faisait de la randonnée, on préparait des dîners ensemble, on achetait de la nourriture au marchand ambulant, on caressait des ânes et des chiens, on cueillait des fleurs de mimosa, on chantait des chansons ensemble au soleil avec la guitare que notre hôte nous a prêtée. Il y avait un silence absolu — pas de voitures, seulement des chants d’oiseaux. 

Un jour, je me dirigeai seule vers l’ancien lavabo, recouvert de mousse et rempli d’eau fraîche de la source. J’ai entendu une source d’eau plus grande et j’ai grimpé la montagne jusqu’à un groupe de petites cascades, les chutes d’un ruisseau clair. J’ai marché le long de la route vers un village voisin. La porte du clocher de l’église était ouverte; j’ai grimpé deux échelles avec l’intention de voir la vue d’en haut, mais j’ai vite eu trop peur de trébucher sur ma jupe longue.

Après un retour en train à Ajaccio et un perfide trajet de trois heures en bus, nous étions finalement arrivés à la pointe sud de l’île: Bonifacio. J’y étais déjà venue une fois comme une très jeune enfant — quelques souvenirs brumeux ont resurgis lorsque notre arrivée dans le port au crépuscule. La ville fortifiée se dressa au-dessus du port, éclairé par des couleurs changeantes. Notre hôte nous a conduit jusqu’en haut; nous nous sommes faufilés dans des rues miniatures allant même dans des sens interdits, car de nombreuses rues étaient en construction pour préparer la ville pour les touristes d’été. Après quatre volées d’escaliers trimballant nos bagages, nous avons atteint notre appartement avec vue sur la vieille ville et la mer au-delà. 

Nous avons passé quelques jours merveilleux à Bonifacio, à marcher le long de l’océan (Maggie s’est même baignée), à profiter du soleil et à explorer la vieille ville et son ancienne base militaire, ses phares et son cimetière marin. Bonifacio, vacillant au bord des falaises blanches et entourée de montagnes verdoyantes, de criques secrètes et de buissons fleuris, est l’un des endroits les plus incroyables que j’aie jamais visités. Nous étions très tristes de partir.

Notre voyage en Corse s’est terminé dans le chaos. Notre courant a été coupé, le lavabo était bouché, nous lavions la vaisselle dans le lavabo de la salle de bain avec une lampe de poche et regardions The Hunger Games illégalement sur un ordinateur connecté au hotspot du portable de quelqu’un. Nous nous sommes réveillés à six heures du matin le lendemain pour prendre le bus à sept heures, Tracy s’est perdue, j’ai vomi dans le bus pour Ajaccio et nous avons failli rater le bus pour l’aéroport.

Mais ce n’était que le début du chaos qui nous attendait à Paris.

Écrit par Sienna Ropert — VWPP Spring 2020

La musique techno

Écrit par Andrew Luo

Ayant visité de nombreux clubs dans le monde, j’ai remarqué l’amour des Européens pour la techno. C’est aussi un style très populaire à Paris. Aux États-Unis, j’ai tendance à aller dans beaucoup de clubs pop mais ici, la scène techno est superbe ! Je suis allé dans deux clubs techno et un club pop à Paris et je préfère les clubs techno. Le club pop de Paris a joué des chansons un peu trop anciennes à mon goût.

Contactez-nous pour des renseignements sur les sorties à Paris 🙂

Écrit par Andrew Luo — VWPP Spring 2020