Écriture créative : Description précise (2/5)

Choisir un paysage ou un lieu, fréquenté actuellement ou pris en photo, et le décrire le plus précisément possible

Par Reid Schuncke

C’est ma période favorite de l’année : le printemps. Le soleil est faible, mais ses rayons font encore scintiller l’eau. L’air est frais, et il sent comme la pluie – je vois les petites flaques d’eau dans la terre vaseuse. Les grands roseaux se balancent dans le vent gentil. Je trouve ce petit lieu par un chemin qui n’a pas été taillé, proche de la maison de mon premier petit ami.
Je m’assois sur un quai ancien de bois. Un petit canot est attaché au quai, et il flotte sur l’eau. J’imagine qu’il était beau il y a 20 ans, quand il était libre de voyager sur le grand fleuve. Chaque fois que je le vois, il est dans la même position, attaché au quai.
J’enlève mes chaussures et je trempe mes doigts de pieds dans l’eau. Le fleuve est vert et marron, à cause de la pollution, mais de loin il est bleu comme le ciel. Je vois les algues qui veulent me saisir, leurs bras verts se balançant dans l’eau. Les vairons foncent dans l’eau, autour des algues et de mes doigts de pieds.
La berge opposée est couverte de forêts, les feuilles abritent de petites maisons aux toits rouge et brun. Les grands voiliers flottent sur un grand quai, et les hauts escaliers connectent ces petites maisons à leurs bateaux. Mon voilier favori s’appelle Marguerite. Il est vert et blanc, et son nom est écrit en lettres cursives d’or sur son côté. Il est tranquille, ici, mais de loin je vois une famille sur un canot à moteur, et le bateau fait des petites vagues qui touchent mes pieds, Marguerite, et les autres êtres qui apprécient le fleuve aujourd’hui.
Je m’allonge sur le quai, le bois éclaté dans mon dos. Maintenant, le ciel est couvert, et j’essaye de trouver des formes dans les nuages. Un chat, une grenouille, le visage de mon grand-père. Je pourrais rester ici longtemps, mais je vais partir quand des grillons commenceront à chanter.

 

Par Lindsey Solo

La petite chatte noire s’était roulée en boule. Son nez était niché dans les poils soyeux de sa queue. Si on plissait les yeux, on voyait un cratère dans le fauteuil en cuir et deux petites moustaches blanches flottantes. C’était de la sorcellerie.
C’est facile d’imaginer que ce cratère noir est vraiment un portail qui mène à un monde fantasmatique : plus on le regarde, plus on chute. La couleur du trône de la chatte est un bronze royal, vieux mais vif exactement comme la petite chatte noire. Les ombres créées par les crevasses du fauteuil cassent la juxtaposition de la couleur. Elle dort lourdement. Il serait plus facile de bouger le fauteuil que la chatte. Elle est coincée entre les lignes du coussin, mais c’est bien connu que les chats aiment être en boîte. Le coussin du fauteuil est gravé à la forme de son corps. Chaque fois qu’elle abandonne son trône, son impression réserve sa place, la gardant attentivement.
Son essence pénètre le cuir. L’accoudoir est orné d’éraflures, des sortes de cicatrices de combat. Elles donnent au fauteuil une texture d’éclaboussure : l’évidence d’un crime passionnel. Un bien aimé se transforme en un bien utilisé jusqu’à ce qu’il y ait besoin qu’on le remplace par quelque chose de nouveau. Une simple photo d’une chatte dans un fauteuil. En regardant, je me détends un peu. Ce doit être confortable d’avoir un amour comme ça.