Fréquenter les cinémas parisiens

Pendant mon séjour à Paris, je vais au cinéma tous les week-ends. Les tarifs étudiants sont beaucoup moins chers qu’aux États-Unis et j’aime découvrir de nouveaux quartiers en allant dans différents cinémas. L’une de mes visites préférées a été la Cinémathèque dans le 12e arrondissement, pas très loin de chez moi. J’ai vu une exposition sur Agnès Varda, la réalisatrice préférée, et une exposition sur les frères Lumière. J’ai aussi visité un cinéma près de Reid Hall, le Pathé Parnasse. J’ai regardé Kiki la Petite Sorcière, l’un de mes films préférés de mon enfance.

C’était agréable de regarder un film que je connaissais très bien, parce que cela m’a aidé à comprendre la traduction française et à remarquer les différences entre les deux langues. En général, je pense que je préfère les cinémas français aux cinémas américains. Je trouve les cinémas parisiens beaucoup plus cozy et classiques. J’aime le fait que beaucoup de cinémas à Paris sont petits et mieux intégrés dans les quartiers qui les entourent. C’était agréable de voir des gens et des familles de tous âges passer l’après-midi ensemble. Je pars en Allemagne pour mes vacances d’avril et je suis curieuse de savoir si la culture cinématographique est similaire ou différente. La semaine dernière, j’ai appelé ma tante, qui habite en Belgique, et elle m’a dit qu’à Bruxelles, l’une des activités préférées de ses amis était d’aller au cinéma ensemble. Je pense que c’est la même chose aux États-Unis, mais je pense aussi que le cinéma français a une qualité particulière et je me sens chanceuse d’avoir l’opportunité d’aller au cinéma pendant que je suis en France.

Par Avery Patterson, VWPP Printemps 2024

Un stage dans la mode

Lorsque j’ai commencé à envisager de faire partie du programme VWPP, j’étais intéressé par l’opportunité de comprendre la culture et les gens français à travers le travail. Je savais que j’apprendrais beaucoup sur ce que j’avais étudié en étant à Reid Hall, mais je voulais m’immerger dans la société française et trouver un stage. Ayant suivi les cours nécessaires pour ma spécialisation en économie, j’ai pu rester à Paris pendant toute l’année universitaire. J’ai commencé à envoyer mon CV partout où je trouvais des offres intéressantes : agences, galeries et entreprises dans tous les coins de Paris. J’ai eu beaucoup de chance qu’une des agences me contacte. Ainsi, durant le premier semestre, j’ai eu l’incroyable opportunité de faire un stage ici à Paris à La Mode en Images, une agence de direction artistique et de production d’événements de luxe. En tant que stagiaire travaillant selon mon calendrier académique, il était difficile au début de participer à la planification et à la structuration des grands projets sur lesquels je rêvais de travailler depuis que j’étais jeune. Travailler avec la contrainte des cours était difficile, mais j’ai réussi à obtenir une invitation à mon premier événement professionnel au mois de septembre : une soirée de lancement YSL. Au début, je ne pouvais pas croire que j’allais y assister, mais je suis rapidement passé en mode concentré car je devais m’assurer que tout se passait bien. Très vite, j’ai réalisé que la production événementielle n’était pas aussi belle que je l’avais imaginé. Je suis arrivé le matin pour aider à l’installation et m’assurer que toutes les équipes étaient prêtes et parées pour l’événement et tout au long de la soirée, je devais m’assurer que si quelque chose n’allait pas, je le réparerais immédiatement. J’ai beaucoup appris grâce à cette première épreuve, et même si je courais partout et transportait des caisses de champagne à un moment donné, j’ai passé le meilleur moment de ma vie.

Cette soirée m’a donné d’autres opportunités. Quelques semaines avant l’une des semaines les plus importantes du calendrier de la mode, ma cheffe m’a dit que j’allais participer à la production d’un défilé pour Maison Margiela. J’étais très très très content. C’est une marque que je connais et que j’aime, dont les vêtements racontent une histoire. Une fois de plus, le travail a commencé. Je ne pense pas avoir jamais vu autant de Paris qu’au cours des deux semaines précédant le spectacle. J’avais parcouru tous les quartiers à la recherche des objets nécessaires pour le défilé. Une fois que l’installation sur place a commencé, je transportais des boîtes et des tables et je faisais ce que je pouvais pour aider. Même si j’étais épuisé le jour du spectacle, voir un projet sur lequel je travaillais depuis des semaines devenir réalité était un sentiment que je n’avais jamais ressenti auparavant. Lorsque les mannequins sont sortis et que les spectateurs ont vu la collection, j’ai ressenti un sentiment d’épanouissement que je n’avais jamais ressenti auparavant, sauf lorsque je marque un but sur un terrain de football. C’était vraiment un moment magique. Bien que cette expérience et cette opportunité incroyables touchent à leur fin, je ne peux m’empêcher d’être heureux et reconnaissant d’avoir décidé de rester toute l’année, car ces expériences m’ont ouvert les yeux sur une part de moi nouvelle, artistique, que je ne savais pas qu’elle existait.

Par Antonio Ferraiolo Costa, VWPP Printemps 2024

Découvrir le cinéma à Paris

Quand je suis arrivée à Paris, je savais que je voulais explorer le cinéma en France. Ma spécialisation à Vassar est le cinéma, donc j’ai été très ravie d’apprendre plus d’informations sur la naissance du cinéma à Paris. Jusqu’à présent, être à Paris m’a donné plus d’opportunités et d’informations que j’ai pu imaginer. Pendant ma deuxième semaine ici, durant mon cours de cinéma, nous sommes allés à La Cinémathèque Française, où nous avons appris beaucoup sur les frères Lumières et Georges Méliès, et sur l’importance des deux dans l’explosion du cinéma en France. C’était incroyable de voir les premières personnes qui ont contribué à l’art du film. En plus, après notre visite, j’ai pu explorer le musée par moi-même. Ce mois-ci, la cinémathèque à une exposition sur Agnès Varda, qui est ma réalisatrice préférée. J’ai vu beaucoup de vidéos et de documents de Varda, et j’ai appris beaucoup sur elle.


En outre, être à Paris m’a inspiré à regarder plus de films français pendant mon temps libre. Cette semaine, j’ai vu les films Le Rayon Vert, Jane B. par Agnès V, et Belle de Jour. L’expérience de voir des films français en France a beaucoup amélioré mon français et j’ai hâte de voir tout le français que je pourrai comprendre après seulement un mois ici !
Enfin, mon tutorat a été très utile pour m’exposer à beaucoup de films français que je n’aurais pas connu autrement. Ma tutrice adore le cinéma aussi, donc nous pouvons parler de nos films préférés et elle m’a fait beaucoup de recommandations ! J’adore que ma tutrice partage des intérêts similaires aux miens ; c’est très amusant d’en discuter avec elle. J’ai hâte de vivre les prochains mois !

Par Etta Fontenot, VWPP Printemps 2024

 

Histoires cachées dans les cimetières de Paris

Depuis mon arrivée à Paris, j’ai eu le privilège de visiter de nombreux endroits qui donnent à cette ville un caractère extraordinaire. Avec mon passe Navigo en main, je me sens vraiment autorisée à explorer tout ce que je désire. Cependant, de toutes ces expériences, l’une de mes préférées a été la visite des cimetières de la ville.
Ma première visite a été le cimetière du Montparnasse, qui se trouve au 3 boulevard Edgar Quinet, 75014 Paris. Cet endroit contient les tombes de personnalités célèbres comme Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, Charles Baudelaire, Agnès Varda, Jacques Demy, Jane Birkin et Serge Gainsbourg. Bien que la visite d’un cimetière semble étrange, j’ai senti une sorte de magie en explorant ces lieux chargés d’histoire. C’était une expérience unique que je n’avais jamais connue avant.
Plus tard, j’ai également eu l’occasion de visiter le cimetière du Père-Lachaise, où sont enterrées de nombreuses autres personnalités. J’ai découvert la tombe d’une de mes actrices préférées, Anna Karina, mais aussi celles d’Édith Piaf et de Jim Morrison. Une scène m’a particulièrement marqué : en me rendant sur la tombe d’Édith Piaf, j’ai remarqué que quelqu’un pleurait à côté.


Pour moi ces visites ont été une source d’inspiration extraordinaire. Elles m’ont permis de plonger dans l’histoire et le patrimoine culturel de Paris d’une manière profonde et émouvante. Chacune de ces tombes représente une histoire unique et elles me rappellent l’importance de la mémoire et de la possibilité de laisser un héritage durable.

Par Hannah Beinstein, VWPP Printemps 2024

Le rayon vert

Le dernier rayon du soleil couchant, et l’éclair vert lorsque le soleil disparaît, vous aide à savoir ce que vous ressentez vraiment—citation de l’auteur Jules Verne et, plus tard, repris par le réalisateur Eric Rohmer. C’est le rayon vert. Après j’ai regardé Le Rayon Vert d’Eric Rohmer, c’est devenu mon film préféré.

J’étais assise à l’extérieur de Usdan par une journée ensoleillée. Le fin du semestre approchait et mes amies et moi nous souvenions les mois précédents et tout ce que nous attendions avec impatience pour notre prochain semestre à l’étranger. Je n’étais jamais allée à Paris auparavant ; je ne savais pas ce que je voulais faire là-bas. Mon bon ami, Soli, m’a suggéré d’aller au Cimetière Montparnasse. Je n’en avais jamais entendu parler. Il a parlé de tous les artistes et les écrivains qui y ont été enterrés. Quand il m’a dit que Eric Rohmer y a été enterré, j’ai su que je devais y aller.

Au cours de ma première semaine de séjour à Paris, je suis allé au cimetière. La première personne que je devais trouver était Rohmer. Je me suis donné beaucoup de temps, mais je ne l’ai pas trouvé. J’ai cherché pendant des heures, mais sans succès. Après mon cours, j’ai parlé de ma mission à mes amis. Nous sommes retournés au cimetière pour trouver la tombe. Avec des amis, je l’ai trouvé rapidement. Je me suis tenue devant sa tombe couverte de fleurs et de cadeaux, et c’était comme si je voyais le rayon vert.

 

Par Daniela Stahle, VWPP Printemps 2024

Le Musée d’Orsay selon Amelia

Bonjour tout le monde ! Je vais vous parler d’un de mes endroits préférés à Paris : le Musée d’Orsay. J’y suis récemment allée avec un de mes cours à Reid Hall et j’ai décidé d’y retourner cette semaine. C’est un endroit super parce que les billets sont gratuits avec ma carte d’étudiante de Reid Hall et parce qu’on peut y voir de l’art de plusieurs époques et artistes. De plus, il n’est pas loin de Reid Hall— quinze minutes sur la ligne 12 du métro. Pour mon cours d’histoire de l’art, on a visité des pièces du premier étage pour voir des peintures « académiques » et en discuter. C’était super intéressant pour moi parce que je n’ai jamais étudié l’histoire de l’art avant de venir à Paris. On a vu Le Tepidarium, “salle où les femmes de Pompéi venaient se reposer et se sécher en sortant du bain” par Théodore Chassériau, que je trouve très intéressant. C’est un magnifique tableau qui montre les femmes très en détail. Après mon cours, j’ai visité le deuxième étage pour voir les œuvres de Bonnard, y compris Le Chat blanc (une peinture que j’aime bien). Monet est un de mes artistes préférés, alors j’étais hyper contente de visiter aussi le cinquième étage, où se trouve plusieurs de ses peintures. Mon œuvre préférée de Monet dans ce musée est La Pie ; c’est une image d’un village sous la neige. Le musée est assez grand alors j’ai passé plusieurs heures là-bas et j’ai l’intention d’y retourner souvent.

Par Amelia Thornton, VWPP Printemps 2024

Un Guide de quelques musées à Paris


J’aime bien les musées, surtout les musées d’art, alors j’essaye de profiter d’environ 200 musées à Paris. La plupart des musées à Paris sont gratuits pour les étudiant.e.s, surtout si vous êtes un.e étudiant.e de l’histoire de l’art, mais si vous devez payer pour certains musées vous pouvez être remboursé par VWPP. Voici le récit des musées que j’ai visité jusqu’à présent pendant mon semestre à Paris.


Musée du Louvre
L’un des musées les plus iconiques à Paris, il a une collection énorme d’art historique et contemporain. La partie sur l’art et les artéfacts égyptiens est particulièrement grande, mais il y a une sélection vaste de peintures, tapisseries, sculptures et céramiques de toutes les époques. J’aime bien l’œuvre d’Anselm Kiefer qui inclut une peinture sur l’un des murs du musée et deux sculptures dans des alcôves.


Musée des arts décoratifs
Ce musée a une petite collection, mais il y a des expositions temporaires qui sont intéressantes : j’ai vu l’exposition d’Iris van Herpen qui est très immersive et qui inclut de la mode, des sculptures, de la musique et des peintures. Il y a aussi beaucoup de bijoux et d’objets décoratifs comme les choses d’architecture d’intérieur.


Centre Pompidou
Il y a plusieurs étages de galeries avec des collections intéressantes : du réalisme, de l’art abstrait et beaucoup de grandes sculptures et autres œuvres interactives dans lesquelles vous pouvez entrer.


Palais Galliera
C’est un musée de la mode mais je trouve qu’il a une très petite collection ; c’est seulement gratuit pour les étudiant.e.s de l’histoire de l’art alors si vous devez payer €10 ce ne valait pas la peine à mon avis. La collection de la mode à l’exposition de van Herpen au Musée des arts décoratifs est beaucoup mieux.

Par Sara Menz, VWPP Printemps 2024

Écriture créative : A la manière de… (5/5)

A la manière de Marguerite Duras.

Par Reid Schuncke

 

1

Francis est mort. Il est allongé sur son grand siège inclinable de cuir marron, dans son petit salon. Le papier peint de l’ancien mur s’écaille. Sa télé est allumée. Il était en train de regarder un match de foot. 

Comme d’habitude, Francis porte un t-shirt et son pantalon de survêtement qui doit être lavé. Il y a des traces de sang sur sa bouche et sur ses mains, mais on ne sait pas pourquoi il a saigné. Son visage est gris, ses yeux sont ouverts. On ne peut pas discerner son expression – est-ce qu’il est serein ? Fâché ? De cette perspective, rien n’est clair. 

À côté de Francis, il y a un verre. Il contient une substance collante. On ne peut pas le sentir, mais si vous connaissiez Francis aussi bien que moi, vous sauriez ce qu’il y a dans ce verre. 

On doit tourner le dos à Francis.

 

2

Francis et moi, nous étions jeunes ensemble. Nous avons grandi ensemble. Mais nous ne sommes pas morts ensemble. Viens! Viens avec moi, chérie! C’est Francis, et il a 15 ans. Il était le type de jeune qu’on aime et déteste, les deux. Il était charmant. Il était égoïste. Il était courageux, mais aussi négligent.

Viens! Viens! Et je suis toujours venue. 

Dans la chaise, Francis ressemble à un vieil homme, mais il a seulement 35 ans. Les lignes sur son visage sont intensifiées par la mort. 

Quand nous étions jeunes, il était beau.

 

3

Les empreintes sur son verre sont sanglantes. Il y a d’autres bouteilles qui encerclent Francis, des bouteilles de couleurs et tailles différentes. On remarque qu’il y a aussi du verre brisé. Des petits éclats de verre scintillent autour de l’homme mort, comme des petits diamants. 

Quand on tourne le dos à Francis, le verre est écrasé sous les pieds.


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A la manière de Marcel Proust

Par Lindsey Solo

Comme le dit l’adage : de connaître quelque chose comme le dos de vos mains, c’est d’avoir étudié chaque ligne, chaque courbe, et chaque tache de rousseur, mais je n’aime pas vraiment le dos de mes mains. Néanmoins, je passe le temps à me concentrer sur leur forme et chaque détail que j’aurais appris à détester. 

Vingt ans de curiosité visuelle ont transformé ma familiarité en une aliénation. L’eczéma, des doigts cassés, des bagues ternies, et des poils qui reviennent. J’oublie leur importance capitale quand je me concentre seulement sur leur forme physique. Chaque fois, quand je prends une douche trop chaude, ils risquent d’être brûlés, ils caressent mes chats, communiquant un amour simple (mais néanmoins profond), ils apprennent à écrire les histoires et à tourner les pages des romans, ils réchauffent les autres, prolongent mon corps hors de ses lignes rigides. 

Je ne sais pas quand la familiarité a commencé à impliquer l’engourdissement, peut-être en me regardant dans le miroir je me suis détachée d’une façon nostalgique. J’ai envie de contrôler mes pensées, mais alors c’est futile. Le travail de Simone de Beauvoir a démystifié mes pensées quand elle a écrit : « La femme… sait que quand on la regarde, on ne la distingue pas de son apparence. » Il semble que c’est une partie de l’expérience d’être une femme. Je me concentre toujours sur ce qui est tangible et immuable plutôt que l’inverse. Les couleurs, les lignes et les formes se métamorphosent en quelque chose de flou. J’ai perdu la vue. Dans un effort de réorientation, je baisse les yeux et retourne étudier mes mains. En faisant l’effort de prendre le contrôle de ma vie, mes mains ont décidé de décoller le miroir fixé à mon mur. C’était un acte de rébellion involontaire. 

Alors, il a laissé un cercle de colle sur le mur. C’est peut-être ce qui donne à la nostalgie une connotation pas complètement positive. C’est impossible de combiner toutes les versions différentes de nous-mêmes. Nos vraies identités existent comme des collages de petits et de grands souvenirs, cachées loin dans nos esprits. Notre existence est collective : une collection des moments du passé qui ont encore des impacts aujourd’hui, même avec les choix d’hier. Oublier, oublier, oublier notre réflexion. C’est seulement son ombre.  

Bien sûr, la colle oubliée est le lien entre tout cela. C’est suspendu comme un chef-d’œuvre, mais il ressemble à une tache. Trop transparent à nettoyer, mais avec le temps ces petites taches accumulées forment des nuages de mémoires oubliées – belles et irrésistibles. Des photographies des premières amours, un crayon gras rouge, des posters de Selena Gomez, tous ont laissé leur marque. Il semble que devenir adulte soit synonyme de restaurer les murs blancs banals dans notre chambre qui étaient avant cachés par des petits rappels de souvenirs que nous voulions garder pour toujours. Il semble que grandir comme une femme soit en partie d’oublier notre passé et de retrouver nos essences nues. De reconnaitre que nos conceptions de soi doivent contenir nos qualités abstraites. 

Écriture créative : A la manière de… (4/5)

A la manière de Virginie Despentes

Par Tremaine Dawson

Un parc qui se transforme en une forêt plus on le parcourt. Fabian commence son voyage vers 18h. La soleil va se coucher bientôt mais il s’en fiche. Il court tous les mercredis pour rester en forme et passer le temps car chez lui, c’est très isolé. Il écoute 6lack, un artiste rappeur américain qui l’intéresse puisqu’il a fait le choix d’apprendre l’anglais il y a deux mois. Il ne sait pas ce qu’il dit mais il aime le rythme et ses productions. Le paysage du parc est très joli maintenant. Les feuilles changent de vert à orange, marron, et certaines feuilles décorent le sol de son chemin. 

Pendant que la musique joue, il pense à sa vie. « Est-ce que j’aime ma vie maintenant ? Qu’est-ce que je voudrais faire à l’avenir ? Et suis-je prêt à changer ma vie ? » Ses pensées prennent tellement le dessus sur son esprit qu’il ne se rend pas compte qu’il est presque chez lui. Le chemin traverse le parc et après la forêt mène directement à son grand et nouvel appartement. Il y a 15 étages et il habite au 12ème. « Je peux voir toute la ville », dit-il à tout le monde qui lui demande pourquoi. C’est pas exactement faux mais c’est pas la vérité totale. C’est aussi pas son choix de vivre tout seul. C’est la vie. Je vous dirai plus tard. 

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A la manière de Marguerite Duras.

Par Claire Bennett

Dès que Paul revient de l’armée, il semble différent. Même s’il est difficile à décrire, néanmoins il est clair qu’il lui manque quelque chose. Oui, son bras droit sous le coude, mais Paul n’a pas besoin de son bras droit. Il n’écrit ni fait de sport ni mange à la fois avec une fourchette et un couteau. Donc, le fait qu’il n’a pas son bras droit sous le coude va assez bien pour Paul.

Pendant sa jeunesse, Paul était le pire avocat de la ville. C’était bien connu, et on se moquait bien de lui. Il pratique le droit immobilier, le domaine le moins respectable selon quiconque qui compte. Sous la direction de son père, il a perdu 30 kilomètres carrés qui avaient appartenu à une ferme de pommes de terre, une gaffe incroyable. De toute façon, il a donné ces 30 kilomètres carrés à une grande entreprise chimique, qui a inondé le sol avec plus d’une tonne de chlorofluorocarbures. Toute la terre est abîmée, et tout le fleuve en aval, aussi. Ça c’est la sorte d’histoire vraie qui ne pourrait pas arriver sauf dans une petite ville, et qui ne pourrait pas arriver sauf à quelqu’un comme Paul. Tant pis. 

Alors Paul est différent, et nous réfléchissions tout au long de son premier mois chez lui, réuni avec sa grande voiture rouge et les cigarettes qui lui étaient à nouveau librement disponibles. Ses dents semblent plus tranchantes, ses yeux plus bleus. En fait, la différence se trouve dans son travail. Non, Papa, laissez-moi, vous ne regretterez rien, je vous promets. 

Son père est mort. Tant pis. 

Mais après cette guerre, toute cette mort-là, il est impossible pour lui de perdre un dossier. Il a appris outre-mer une sorte de cruauté qu’il faut avoir pour réussir dans le domaine du droit immobilier. Paul a trouvé lui-même une belle femme, Stéphanie, qui est blonde et insipide et, nous pensons, ne lui pose aucun problème. Bien joué, Paul. L’argent, la femme, la vie. Tout ça. Pas le respect de la ville—on ne boit plus de l’eau et ne mange plus les pommes de terre—et il y aura toujours la petite difficulté avec ce bras droit, mais bon, tant pis.

Paul me donnait des coups de poing au lycée, d’habitude le jeudi, entre les cours de biologie et d’histoire. On oublie ce type de truc. De toute façon, il manque le bras droit à Paul, et malgré la guerre et les énormes muscles bronzés, je pourrais le battre dans un combat qui aurait été équitable s’il avait eu ses deux bras. En plus, on a de la peine pour Paul, le pauvre homme, donc ce n’est pas une grande injustice qu’il m’ait frappé au lycée. La vie le frappe. Tant pis. 

Il est vrai que les bonnes choses arrivent aux mauvaises personnes, mais il est aussi vrai que les mauvaises choses arrivent aux mauvaises personnes, comme moi. Je conserve les deux bras, mais je n’ai pas épousé une jolie femme ou quelque chose comme ça. Je travaille, mais je n’ai jamais causé un grave désastre écologique, et je ne suis jamais devenu le meilleur avocat dans un rayon de 500 miles. Tant pis. 

Un vendredi de mai, je dépasse Paul dans la rue. Il paraît avoir sanglé un bâton à son coude droit, cachant tout l’appareil sous la manche de sa chemise. Il est en colère, à cause de je ne sais quoi. Stéphanie marche trois ou quatre pas derrière lui, son regard fixé sur le trottoir. En quittant son appartement, un jeune homme traverse l’espace honteux entre le couple malheureux. Sous le soleil du printemps, on peut voir la beauté sur le visage de Paul, la beauté sous la cicatrice de guerre et la maigreur persistante de ses joues.

Je ne le vois plus jamais. Rien ne change dans la ville, et on s’en fiche, et c’est ça. Tant pis.

Écriture créative : Un récit personnel (3/5)

Récit personnel d’un événement historique.

Par Claire Bennett

L’idolâtrie

C’est mercredi.
Il fait froid, mais la neige n’a pas encore commencé : les semaines troublantes entre l’automne et l’hiver. Le monde est tranquille d’une façon écœurante. Hier, tout le monde a déposé son pouvoir aux marches de la mairie et maintenant on attend, figé et épuisé. Les deux hommes ont fini de se disputer sur l’écran de la télé, puis nos parents ont rendu leurs bulletins de vote.
Nous sommes dans ma voiture dans le parking vide de notre lycée. Nous frissonnons même sous le chauffage, et nous jouons les chansons que nous aimons tous les deux. Dans d’autres circonstances, on paraîtrait heureux, mais cette semaine il n’y a pas de bonheur. En fait, nous disons à l’autre qu’il n’y a que de la peur.
Je veux conduire cinquante miles sous le ciel gris, acheter des burgers et les manger en pleurant, s’embrasser, lire encore et encore et encore la nouvelle, la spéculation, les espoirs et les cauchemars des adultes qui savent mieux que nous. Mais mercredi, sous le ciel bleu et blanc qui ne bouge pas, on ne fait rien. Tu bois le café noir glacé, et je fais pareil. Nous faisons toujours les mêmes choses, un phénomène que je trouve à la fois rassurant et inquiétant. Tu me dis : « Ça va aller », et je ne te crois pas, mais je dis quand même : « Ça va aller ».
Les nuages planent dans le ciel et les oiseaux sont endormis. C’est comme une photo, la rue vide devant notre lycée et le soleil caché derrière le gris épais. Je sais que le monde tourne autour du soleil, et il tourne lui-même, et le système solaire fonce aveuglément vers l’espace, mais nous sommes trop petits pour le sentir. Aujourd’hui, nous sommes même trop petits pour sentir le mouvement d’êtres humains autour de nous. Le monde est vide, et ma voiture roule à travers la ville immobile sans croiser personne.
Si c’est une vie tranquille, ou exaspérante, je ne sais pas.

C’est encore mercredi.
Nous sommes sur le canapé de la maison, plutôt la cabane, de ton père. Il travaille tard, comme d’habitude. Je m’aperçois quand tu me parles de la nouvelle et de la politique et ta peur que la vie reprendra comme d’habitude après la folie de cette semaine. Nos soucis seront inutiles et faibles, un sentiment qui deviendra normal quand nous serons plus âgés.
Nous regardons, aujourd’hui et hier et toute la semaine dernière, un homme à la télé que nous aimons également. Il semble intelligent, bien habillé, et il nous rassure. Il dit toujours la bonne chose. Sa spéculation est incertaine et dénuée de sens mais elle nous rassure quand même. Je me sens bête, apaisée par l’homme des informations, son visage déformé un peu par une déviation à l’écran. Tu m’as dit une fois que ton père a filé un coup de genou à l’écran, mais j’ai oublié, et maintenant je le regarde aveuglément. Je décide qu’il est toujours aussi moche. Je ne me souviens plus de son nom, alors il doit être l’homme laid de la télé.
Ton papa nous a laissé des légumes rôtis (froids) et du riz trop cuit (encore chaud), et nous les mangeons sans réchauffer dans le salon. Nous ne parlons ni sourions. Il neige pour la première fois. Je te dis : « Il neige. Très beau », et j’essaye de ne pas tomber endormie contre ton épaule lorsque tu me racontes ce que tu faisais avec tes parents dans la neige quand tu étais petit.
Je décide de passer la nuit, sans en avoir discuté avec toi, car je ne veux pas conduire les quatre minutes entières vers chez moi. En plus, tu es plus heureux quand je dors sur ton lit et quand tu dors sur le sol devant le radiateur. Tu m’assures : « Non, non, c’est assez agréable. Tu ne me déranges jamais. » Et je n’exprime pas mes soucis. Tu admires, tu me dis, les rainures du sol en bois, et tu aimes les traces qu’ils laissent dans ta peau.
Alors la nuit passe et l’aube arrive.

C’est jeudi.
Nous nous assoyons côte à côte sur le canapé. Je regarde l’homme, qui porte aujourd’hui un costume bleu, et tu regardes le sol. Il dit que le dépouillement a fini dans un petit état désert. Il ajoute trois voix à un graphique bleu et rouge sur l’écran. Ses mains bougent avec une fluidité captivante. Nous les suivons à travers la télé, une grande arche, et nous les regardons sur le bureau en verre devant lui.
Tu ne lis que les romans policiers, un trait que je trouve à la fois charmant et déroutant, mais maintenant tu me dis que tu n’aimes ni le suspense ni l’incertitude. Ton hypocrisie t’humanise, mais je ne dis rien.
Jeudi, on ne mange pas. Je regarde fixement le plafond, les poutres qui suggèrent une histoire plus ancienne de la maison que ta famille connaît. Tu me demandes si je suis toujours comme ça, et je te demande, en colère : « Comme ça ? Ça veut dire quoi ? » et tu me fais tes excuses, me soulageant. Je ne le dis pas, mais je suis en fait toujours comme ça. Je marche en rond autour ta table basse, mes mains dans les cheveux, réfléchissant, prenant le monde entre mes deux petites mains et l’écrase. Tu es au sous-sol sous ton haltère, et tu ne vois jamais ma grande folie. C’est mieux comme ça.
Dans les dernières heures du soir, on retourne à la télévision comme une cérémonie religieuse. Nous croyons que l’acte simple de regarder suffit à améliorer la situation. Avec nos yeux et nos mains froides mises sous les cuisses, nous faisons le dépouillement peu à peu. Tu ne crois pas en Dieu, mais tu crois en moi, et je te dirige vers l’idole qui porte un costume et se cache derrière le plastique.

C’est vendredi, et ton père travaille dans la grande ville. C’est décidé aujourd’hui, quand nous nous assoyons sur le canapé et faisons notre serment de ne pas manger jusqu’à l’apparition du bonhomme à la télé. Finalement, il disparaît de notre vie aussi vite qu’il y est entré. J’oublie immédiatement son nom, et on ne discute jamais de la politique. Nous trouvons d’autres obsessions, et je dors chez moi quelques fois par semaine. Tu as trouvé la musculation et j’ai trouvé la privation, et nous passerons le reste de l’année et la moitié de celle prochaine en apprenant et en désapprenant l’autre.
On utilise la télé pour regarder la téléréalité. On sourit, on rit, et tu me racontes pour la troisième fois l’histoire de la petite déviation au centre de l’écran.

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Écrire plusieurs versions de la même histoire : l’une de manière neutre, les autres sous la contrainte de votre choix.

Par Braeden Ingram

De manière neutre :

Au nord-est de Paris dans le 19ème arrondissement, il y a un parc qui s’appelle le parc des Buttes-Chaumont. Une création du Second Empire, le parc inclut un lac artificiel avec une île, beaucoup de chemins, de la belle flore, et plus célèbre le Temple de Sybille. Je l’ai visité il y a deux semaines, et pour l’occasion j’ai décidé de pique-niquer sur une colline avec une vue d’horizon de Paris. J’ai acheté des chips et du pain, et mes amis ont apporté du fromage, des dates, du salami, et bien sûr du vin. Ensuite, nous avons fait nos devoirs sur la colline avec un haut-parleur portable qui jouait de la musique. Après environ une heure, nous avons déjeuné. Il y avait un buffet de nourriture, et nous étions très satisfaits. Pendant le déjeuner nous discutions de notre séjour à Bordeaux et Paris, et comment la France nous a changé. Pour plusieurs d’entre nous, la vie en France est une arme à double-tranchant, avec des difficultés et des avantages. Après que le déjeuner était fini, nous continuons de faire nos devoirs et de parler ensemble. L’excursion s’est terminée à 16h00, nous avons décidé d’y revenir pour un autre piquenique un jour.

 

Une lettre :

Chers maman et papa,

Comment ça va ? Je viens de faire un pique-nique absolument fantastique dans un parc historique de Paris. Le parc s’appelle le parc des Buttes-Chaumont. Il y a un lac, une petite cascade, même un temple ! Au pique-nique, il y avait cinq amis et moi. Nous avons voulu faire des devoirs et nous reposer un peu avec un déjeuner, et le parc des Buttes-Chaumont est l’endroit idéal pour ces activités. Nous sommes restés sur une colline avec une vue magnifique ; tout Paris était dans notre viseur ! Le déjeuner était super. C’était un pique-nique plein de nourritures françaises comme le fromage camembert et les baguettes (c’est un cliché mais je m’en fiche). Pendant notre séjour, nous avons discuté de beaucoup de sujets : nos cours, des problèmes avec les photocopieurs français (ils sont vraiment impossibles à utiliser, surtout à Reid Hall), et le mal du pays. Franchement, malgré tout mon bonheur d’être ici, vous me manquez beaucoup, et d’une autre façon les États-Unis me manquent aussi. J’espère que vous allez bien, et que notre chat va bien aussi.

Je vous aime beaucoup,

Braeden Ingram

Théorique :

Dans un parc, dans une ville, dans un pays, sur un continent, sur une planète, il y a six personnes qui ont décidé de pique-niquer ensemble. Ils seront artistes, écrivains, scientifiques, et politiciens, mais pour l’instant ils sont seulement étudiants. Ils sont aussi rêveurs, voyageurs, intellectuels, musiciens ; membres d’un club de personnes qui ont des attentes élevées pour le monde. Mais à la base ils sont seulement humains comme tous les autres, et comme les autres ils ont faim quand le temps de déjeuner arrive. Donc sur cette planète, dans l’Europe, en France, à Paris, dans le parc des Buttes-Chaumont, ils décident de pique-niquer ensemble. Ce pique-nique est en partie une nécessité. Bien sûr, sans nourriture on meurt. Mais ce pique-nique est également une activité d’imitation. Ils regardaient la télévision ou ils lisaient dans des livres les histoires de Paris et de la France, et avec ces histoires le stéréotype du pique-nique français émergeait. Donc aujourd’hui, ils sont au parc pour recréer une image culturelle, pour devenir quelque chose qui leur est étranger. En France, seulement pour un instant, des Américains essayent de devenir français.