Rennes par Olivia Dontsov

Photos de Rennes au crépuscule : les maisons à colombages au centre-ville; la roue vers le marché de Noël ; au bord de la Vilaine.

(prise en 2017) Le “chat d’accueil”, Enzo

Prises en 2013 et en 2017 — Les marches où j’ai fait semblant d’être Cosette et une photo d’elles actuellement.

La dernière fois que j’ai vu ma mère d’accueil, j’avais des larmes aux yeux. C’était dans la salle commune de SYA, un programme pour des lycéens qui habitent en famille d’accueil et apprennent à parler français couramment. J’avais mes valises à côté de moi, ma mère d’accueil (elle s’appelle Gisèle) portait toujours sa veste comme elle allait retourner à sa voiture après avoir dit au revoir. Je lui ai dit que je ne savais pas comment dire adieu, et elle m’a répondu :

« C’est pas grave. On se verra dans l’avenir. »

Et trois ans plus tard, je me retrouve à Rennes, la ville où je suis tombée amoureuse de la France. Est-ce possible de décrire ce moment de ma vie ? Je me souviens de lui en morceaux : après être partie de Rennes, j’avais des flashbacks tous les jours des mimosas près de ma maison, des rues pavées mouillées de pluie qui tombait sans cesse, de l’odeur du poisson frit que ma mère d’accueil me faisait, de l’église dans le Parc du Thabor et la cage des oiseaux au centre. Je savais que je ne pourrais jamais retourner à ces moments, même si je fais un retour à Rennes. Les moments se sont transformés aux souvenirs d’une mémoire à la fois douloureuse et magique.

Je suis donc arrivée vendredi avec pas mal d’appréhension. Je ne savais pas à quoi attendre — serais-je retournée à un état de manque extrême, à l’écart de mémoire et de réalité ? Mais quand j’ai revu Gisèle, on a pu parler pendant des heures de nos vies maintenant et du passé. J’ai décidé de me balader en ville avant de retourner manger à la maison, donc j’ai visité tous mes endroits préférés du centre-ville. Malgré les travaux, la ville me semblait presque comme avant, mais ma mémoire était différente. Depuis mon départ, j’avais l’impression de me souvenir de tout, mais j’ai oublié où se retrouvent ma librairie préférée, la boulangerie qui vend des pains à plusieurs parfums, ou une de mes églises préférées. Rennes n’est pas une grande ville. Elle est connue plutôt parce que c’est une ville d’étudiants ; un quart de la population de Rennes est fait par des étudiants. Mais plus que je me suis promenée, plus que j’ai eu l’impression que la ville était en train de s’agrandir autour de moi. Je ne pouvais pas visiter les écluses de Saint-Grégoire ou voir les professeurs que j’ai eus pendant lycée ou voir un musée d’art contemporain et manger du brunch comme je voulais quand j’habitais dans la ville.

Mais en même temps, je n’avais pas l’impression d’être perdue dans le temps. Je pouvais ajouter mon expérience actuelle aux souvenirs du passé. Par exemple, il y a une arche à l’extérieur de l’ancienne frontière de Rennes. Les gens le visitent grâce à son intérêt historique, mais un de mes premiers jours à Rennes, l’école nous a donné une course au trésor. On aurait dû trouver un indice à cet endroit, mais au lieu de le trouver, on a tombé sur un géocache, un type de jeu mondial où on cherche des boîtes qui contiennent des trésors. Cette-fois-ci, j’y suis retournée pour le retrouver, mais il n’existait plus. En faisant le tour pour vérifier que ce n’était pas dans un autre tuyau d’écoulement, une femme m’a approchée en me demandant si un chat y était coincé. Et tout d’un coup, je n’étais pas triste par le fait que les choses étaient différentes. Cette femme fait partie maintenant de ma mémoire de ce lieu, comme le géocache en fait partie. J’ai pu visiter des endroits en acceptant que je les verrai littéralement d’une lumière différente.

Les autres jours se sont passés d’une manière similaire : j’ai ajouté mes nouvelles impressions à celles d’avant. Je ne suis pas toujours d’accord avec ma mère d’accueil sur ses opinions concernant les origines, un de mes bars préférés n’existent plus, j’ai le droit d’oublier le nom de mon arrêt de bus, Récipon. J’ai visité Rue de la soif, où j’ai eu mon premier cocktail, et Saint-Malo, où une copine m’a divulgué ses secrets dans mon église préférée du monde. Le chat de ma mère d’accueil, Enzo, s’est endormi à côté de moi. En vivant à Paris, j’ai l’impression que je dois visiter des nouveaux endroits et avoir de nouvelles expériences, mais mon séjour à Rennes, quoi qu’il soit bref, m’a rappelé du fait qu’on peut très bien retourner à un endroit sans refaire la mémoire.

Par Olivia Dontsov – Vassar’19

Marrakech, Maroc par Elena Schultz

Cet Halloween, je suis descendue d’un avion sur le sol chaud de Marrakech pour la première fois. Oubliant le vol chaotique de Ryanair, j’étais suprêmement contente de sentir le soleil sur ma peau. Avec Séverine, Andrew et Shiv, nous avons pris un taxi de l’aéroport à notre Airbnb – c’était déjà la nuit, et après avoir laissé nos affaires dans notre appartement temporaire, nous sommes allés commander une pizza dans la rue dans un bâtiment qui a servi aussi de refuge pour les chats dans la rue.

La vue de notre Airbnb

Le lendemain, je me suis réveillée au son des chevaux dans la rue en dessous de moi. Il faisait nuit quand nous sommes arrivés, alors quand j’ai ouvert les fenêtres, j’ai été étonnée de voir un paysage des bâtiments oranges et des commerçants qui vendaient le petit-déjeuner dans la rue. Nous nous sommes embarqués dans un tour de Marrakech ce matin, et mes yeux étaient presque trop pleins – nous avons vu des magasins, des mosquées, et la tombe de la royauté. Notre guide a parlé en plusieurs langues lors de notre visite, mais quand il a parlé en français, il a ajouté plus sur l’histoire de la ville.

La tombe du roi dans la vieille ville de Marrakech

Plus tard, nous avons visité les Jardins Majorelle et le Musée Yves Saint-Laurent. Les jardins en particulier étaient l’une de mes parties préférées du voyage – ils étaient luxuriants avec des cactus et entourés de bâtiments bleus. Un autre point formidable de notre voyage a été de trouver un spa qui a fait une sorte d’exfoliation marocaine appelée un hammam – ils frottent votre corps de la tête aux pieds avec un savon noir et lorsque je sortie je me suis sentie comme un bébé à nouveau !

Les Jardins Majorelle

Enfin, on est parti pour une excursion de deux jours dans le désert, la partie du voyage pour laquelle j’étais à la fois le plus inquiète et le plus excitée. Nous avons pris un bus dans les montagnes de l’Atlas avec un groupe d’une douzaine d’autres personnes du monde entier, nous sommes montés à dos de chameau dans un camping et nous avons mangé du tajine et du couscous à la belle étoile. Les hommes du village berbère voisin ont joué de la musique autour du feu de camp et nous avons dansé jusqu’à ce que nous soyons trop fatigués pour bouger. Quand nous sommes partis, nous nous sommes arrêtés à un musée berbère (où Shiv a acheté un tapis ! ) et j’ai passé le reste du long trajet en bus en regardant par la fenêtre les maisons dispersées à travers les montagnes.

C’était un beau voyage sur lequel je réfléchis toujours, et je suis vraiment reconnaissante d’avoir visité Marrakech et les montagnes du Maroc. J’ai hâte d’y retourner !

Par Elena Schultz – Vassar’19

Mon week-end à Bruxelles par Valérie Kerner

Écrit par Valérie Kerner

Bruxelles : la ville de l’union européen est une grande ville de la culture. Avant mon départ je ne savais pas si j’allais aimer Bruxelles ; mon entourage m’a dit que Bruges et Gent étaient de loin meilleures. Mais à ma grande surprise, Bruxelles dégage une énergie particulière … avec ses bâtiments et ses lieux qui sont très intéressants et que je recommande à tout le monde !

Le premier jour à Bruxelles était court. Je suis arrivée en train, à huit heures du soir. J’étais fatiguée et j’avais très faim. Alors, j’ai cherché en premier de quoi me nourrir. Je ne savais rien sur la ville et je n’avais étudié aucun plan, mais j’ai eu l’impression que tous les activités se trouvaient à droite de mon hôtel !

Alors, j’ai pris la direction à droite et j’ai trouvé une petite statue : le Manneken Pis ou le petit homme qui pisse (le petit homme qui pisse est une statue d’un petit homme qui pisse, très simplement).  J’ai immédiatement compris que ce petit homme représente un monument important dans la ville parce qu’il y avait autour beaucoup de touristes qui prenaient des photos. Le petit homme est très très petit et c’est facile de passer à côté sans le voir. Mais c’était bien à voir, parce que selon TripAdvisor et tous les site-web similaires, c’est la meilleure attraction à Bruxelles (je ne suis pas tout à fait d’accord, mais à chacun son avis).

Le petit homme qui pisse

Après avoir vu le petit homme qui pisse, j’étais un peu plus intriguée par Bruxelles. J’ai continué à marcher et c’était incroyable. Après quelques minutes, j’ai trouvé par hasard, la Grande Place — c’était juste à côté du petit homme qui pisse. J’avais vu des photos de la Grande Place, mais ce n’était rien relativement à la réalité — c’était incroyable ! Avec les lumières qui illuminaient les bâtiments pendant la nuit avec la lune et l’architecture magnifique, c’est stupéfiant. Il y’avait beaucoup monde là aussi et l’énergie était vibrante. C’était surréel !

La Grand-Place

Un petit peu après, j’ai marché encore et j’ai trouvé un petit restaurant italien et belge pour la nourriture. J’ai bu une bière blanche belge, elle était très bonne, une expérience typique de la Belgique.

Moi avec un Hoegaarden bière

Après avoir bu et mangé, je suis rentrée à l’hôtel et j’ai dormi- j’étais tellement fatigué.


Le deuxième jour, j’ai visité beaucoup de musées différents et j’ai BEAUCOUP marché ! Premièrement, je suis allée au musée Magritte. C’est dans le Kunstberg ou Mont des Arts, un lieu avec beaucoup de musées.

Le Mont des Arts

Le musée était intéressant, parce que Magritte était un artiste complexe. C’était aussi en rapport avec mon cours de l’art à Reid Hall. Mais je n’ai pas aimé pas les conservateurs du musée et la façon dont les peintures étaient disposées et accrochées : tous les tableaux ont un éclat et c’était difficile à voir sur les peintures. Il y a eu les problèmes avec les lumières et quelques salles étaient sales. Toutefois c’était intéressant.

Une peinture créée par Magritte

Puis, je suis allée au musée des instruments. C’est juste à côté du musée Magritte dans le mont d’arts et le bâtiment est très sympa.

Le musée des instruments

Il y a énormément d’instruments dans le musée et c’était intéressant pour moi de lire les descriptions des instruments en français, anglais et flamand car j’ai pu tout comprendre. C’était le seul musée avec des descriptions et il a mis en évidence que Bruxelles est une ville multiculturelle.

Un mot en allemand crée par Beethoven pour dire ” pianoforte”. Les descriptions sont en anglais, flamande, et français

J’ai aussi aimé les pianos.

Trois pianos vieux

 

Puis, j’ai beaucoup marché et je suis allée au parlement de l’UE. C’était un bâtiment très grand et un lieu intéressant — c’est le quartier moderne et européen : le contraste avec la ville vieux est remarquable.

 

Parlement de l’UE

Un bâtiment près de l’UE

Puis, je suis allée au parc cinquantenaire avec l’arc du triomphe de Bruxelles.

Moi dans le parc

Après, j’ai vu la grande cathédrale de Bruxelles. C’était magnifique, parce que la lumière pendant l’après-midi est parfaite.

La Cathédrale

Dans le même quartier près de la Cathédrale et la Grande Place, j’ai vu beaucoup des petits magasins et les galeries royales Saint-Hubert. Le lieu des galeries est très intéressant et joli. J’y suis retournée pendant la nuit parce que : c’est très joli et que c’était mieux de voir le bâtiment sans la foule 

La Grande-Place pendant la journée


Les galeries royales Saint-Hubert

Pendant la journée, j’ai vu beaucoup des magasins du chocolat, mais je n’aime pas le chocolat et je ne peux pas manger beaucoup du bonbons ou de chocolats à cause de mon allergie aux fruits à coq. j’ai vu des gens avec de très grandes gaufres et frites. Alors, j’ai mangé des frites et une très grande gaufre et c’était délicieux !

La Gaufre

Les Frites

Pour mon dernier jour, j’ai visité encore plus de musées notamment les autres musées royaux de Bruxelles. J’ai vu le Musée Oldmasters et j’ai vu des peintures très connues comme La Mort de Marat. Dommage que le musée ait eu des inondations car beaucoup de peintures n’étaient pas exposées, à part ça le musée est très sympa.

La Mort de Marat par Jacques-Louis David

J’ai aussi vu un petit parc très sympa et les mémoriaux des gens morts dans la première guerre mondiale. C’était plaisant de voir des lieux très différents à Bruxelles et aussi de découvrir l’histoire de la ville aussi.

Un petit parc

Mémoriaux aux gens blessés et morts pour la Belgique dans la première guerre mondiale

Alors, mon week-end à Bruxelles était un week-end d’histoire, d’art, de culture, mais aussi de modernité. C’était très bien de visiter un lieu avec beaucoup des cultures différentes, mélanger avec les langues différentes et les gens diverses, et un lieu avec la modernité mélanger avec les lieux très vieux et jolie. C’est un lieu très unique et bon pour un week-end.

 Par Valérie Kerner – Vassar’19

Jenna, Paris et l’art par Jenna Docher

À Vassar je fais un double cursus en philosophie et français et j’ai depuis mon enfance une passion pour les arts plastiques. Je suis donc tellement contente de m’être inscrite dans un programme de cours avec VWPP qui inclue un cours d’histoire de l’art contemporain (les néo-avant-gardes) et un cours de philosophie de l’art (esthétique analytique) à la Sorbonne, ce qui me permet d’étudier plusieurs sujets auxquels je m’intéresse. Complètement par hasard le cours de la philo de l’art fais souvent référence aux artistes qu’on étudie dans le cours de l’histoire de l’art, puisque les artistes modernes et contemporains qui ont délibérément contesté les définitions et les frontières de « l’art » sont ceux qui pousse la philo à trouver des nouveaux moyens de la théoriser. La philo de l’art analytique (contrairement à la philo de l’art continental) s’occupe plutôt du meta-ésthetique et du rôle des théories de l’art dans la critique et dans les lois, ce qui porte des conséquences importantes pour les études des néo-avant-gardes, des minimalistes, des post-minimalistes, etc., surtout concernant la vente et l’exposition des objets d’art (comme les Ready-Mades de Duchamp ou le Brillo Box de Warhol).

Naturellement c’est fascinant d’aller aux expos et musées dans ce contexte—de voir en réel les œuvres que j’étudie dans plusieurs cours, qui sont souvent des installations. À Beaubourg (le Centre Pompidou) il y a une collection incroyable de l’art moderne et contemporain, où j’ai vu des œuvres avant-gardes, néo-avant-gardes, optico-cinétiques, minimalistes, et post-minimalistes, y compris des artistes comme Donald Judd, Tinguely, Jesus Raphael Soto, Joël Stein, Barnett Newman, et Basquiat. Il est nécessaire de voir ces œuvres en vrai, d’une part parce qu’on aperçoit beaucoup mieux les couleurs et les textures en vrai que sur un écran ou dans une reproduction, et d’autre part parce que plusieurs artistes jouaient sur les interactions entre le spectateur et l’œuvre. Par exemple, l’art optico-cinétique joue énormément sur le mécanisme biologique de l’œil humain et des effets qui se produisent quand le spectateur bouge devant l’œuvre, ou quand l’œuvre bouge dans une manière qui crée des illusions, un peu inspiré par le mécanisme du kinétoscope et du cinématographe qui font l’illusion de motion à travers de l’effet phi. Même Donald Judd, dont les œuvres sont industriels, fixes, et minimalistes, impliquait l’espace de l’exposition : les instructions d’installation pour son série Stack (dont celui de 1972 est installée au Beaubourg) était fait exprès pour rendre l’œuvre plutôt un objet ordinaire occupant le même espace du spectateur qu’un « objet d’art » éloigné du spectateur, perché sur son piédestal ou accroché au mur.

Tandis que ces cours et mes visites au musées m’ont permis de beaucoup plus apprécier l’art moderne et contemporain, cela ne veut pas dire que j’ai cessé d’aimer l’art plus ancien. Quand j’avais quatorze ans j’ai eu l’opportunité d’étudier les arts plastiques avec un program à CalArts qui s’appelle CSSSA. Là j’avais un professeur de peinture qui adorait Cézanne, et qui nous a parlé de la manière dont sa déconstruction de forme avait inspiré le cubisme. Alors je suis allée tout au débout du semestre à l’exposition des portraits de Cézanne au Musée d’Orsay, où j’étais si inspirée qu’ensuite j’ai acheté trois couleurs de peinture, deux pinceaux, quelques toiles, une palette, et un petit chevalet. J’avais laissé presque tous mes matériels d’art chez mes parents aux États-Unis, puisque j’ai pensé qu’il valait mieux de passer mon temps dans la ville de Paris et non pas dans ma chambre avec mes toiles, mais je me suis rendu compte après avoir vu cet expo de Cézanne que pour ceux qui ont vraiment besoin de créer de l’art, c’est tout à fait impossible de s’en arrêter. Heureusement, ma famille d’accueil m’a permis d’installer un petit atelier dans ma chambre (merci Catherine et Thierry, vous êtes incroyables ! ) et que le programme me permettait d’acheter des matériels avec ma bourse !

Depuis le collège, je faisais toujours de la peinture à l’acrylique, aux aquarelles, ou à l’encre—jamais à l’huile. Puisque ce moment-là me représentait un opportunité de faire quelque chose de nouveau, j’ai décidé d’acheter de la peinture à l’huile, et franchement j’en suis tombée amoureuse. Je continuais de visiter les musées, prenant comme inspiration les idées et techniques des impressionnistes, postimpressionistes, cubistes, expressionnistes abstraits, et des mouvements que j’étudie dans mes cours. Un jour, après avoir vu un vendeur d’art dans la rue, je me suis rendu compte que ça serait impossible d’apporter tous mes tableaux aux États-Unis, et j’ai donc fais des recherches concernant la vente des tableaux dans la rue. Évidemment il faut un permis, et puisque je n’ai pas un budget pour un permis et je suis paresseuse, il m’est arrivé de vouloir installer mes tableaux dans la rue, non pas pour les vendre mais comme installation publique de l’art.

Avec cet « opportunité » de communiquer avec un public plus large que ma famille d’accueil j’ai commencé de penser des sujets qui me frappe comme important. Je suis tombée tout de suite sur le sujet d’identité, qui est très pertinent pour moi, puisque je suis franco-américaine et je sentais depuis mon arrivée qu’il y avait plusieurs aspects de la culture Parisienne qui m’empêchait de me sentir vraiment « Française, » surtout la conception de genre. À Vassar, je n’y avait pas beaucoup pensé, par rapport à mon propre identité—on a un culture (comparativement) tolérant, où presque tout le monde fait attention aux pronoms, et où on est bien conscient des identités différents et de la simple possibilité d’exister sans se conformer à la conception binaire du genre. Pour commencer, la langue française est, évidemment, genré, ce qui veut dire non seulement qu’on n’a pas de pronom singulier neutre, mais aussi que tous les adjectifs et verbes doivent s’accorder avec le genre du sujet, qui rend l’existence linguistique de genre neutre tout à fait impossible. De plus, il est enraciné dans la culture de politesse d’adresser les gens qui entrent dans les magasins avec un titre genré—e.g. « bonjour madame/monsieur. » En France, j’ai un baromètre quotidien sur ma performance de genre, alors qu’à Vassar on commence par me demander mes pronoms préférés.

Donc, tandis que je m’identifie d’habitude par mes travaux artistiques et intellectuels que par mon genre, j’étais forcé de considérer mon identité comme femme qui se présent d’une manière assez androgyne. À part des problèmes qui m’ont arrivé en étant de genre visuellement ambigu, je me suis aussi trouvé face aux conceptions stricte des femmes, en apparence et rôle sociale. Sur le surface, ceux sont assez similaires au ceux aux États-Unis, bien qu’aux États-Unis on en parle, et ici presque pas du tout. Cela ne veut pas dire qu’il n’y existe pas du sexisme, ou de la violence contre les femmes—seulement qu’on l’accepte plus facilement, et on n’éprouve pas de la rage publique que produisent les exposés des hommes célèbres qui sont accusés de la violence contre les femmes, des cas de la viole dans les universités, etc.

Tout ça me troublait, et je me suis donc mis à organiser et théoriser mon « exposition » afin de trouver un équilibre entre les idées artistiques qui m’avaient inspiré et les problèmes sociopolitiques dont lesquels j’éprouvais. C’était un grand travail de rédaction : il y a plein d’issues sociopolitiques qui me troublant en France (pareil aux États-Unis, mais dans les cadres différents), comme l’immigration et l’attitude vers les immigrés et les réfugiés, le racisme (on utilise même pas le mot « race » en France, et beaucoup de gens suppose que les gens qui ne sont pas blanc ne peut pas être les français nés en France), les écarts socio-économiques entre les quartiers de Paris lui-même, entre Paris et les banlieues, et entre les villes de France et la compagne. Mais j’ai décidé (après avoir consulté des amis et des mentors en France et à Vassar) de me concentrer sur ma propre expérience, pour ne pas

étouffer les gens qui vivent ces expériences, ou d’impliquer qu’ils ne sont pas assez forts pour en parler eux-mêmes, et de l’autre pour rester si exacte que possible dans mes représentations créatives.

                Enfin, la description du projet était :

3x3x3 est un projet d’art public basé conceptuellement sur la subversion du cube minimaliste, s’appuyant sur les ironies riches qui se produisent quand les nouveaux artistes font référence aux anciens et les contredisent. Le projet consiste en trois installations de neuf tableaux pour chacune d’elle. Les panneaux sont installés dans les espaces publiques en faisant référence à l’idée post-minimaliste que l’art existe dans le même espace que le spectateur, et que l’art est activé par l’interaction avec l’espace dans lequel il est exposé (« site-specificity »). Je crois que l’art est toujours créé face à son époque, enraciné dans le contexte sociopolitique, et donc j’intègre du contenu expressif ou figuratif, ce qui conteste le mantra minimaliste « what you see is what you see. »

J’ai installé la première partie le 27 octobre (3x3x3=27) dans neuf endroits différents sur Paris, pour la plupart près des musées où j’avais vu des tableaux qui m’ont inspiré. Pour chacun j’ai conçu un carton d’après ceux qu’on voit dans le MoMA (avec même une police typographique très proche) et j’écrivais des descriptions des tableaux, comme s’ils faisaient partie d’une expo officielle. Puis je me suis occupée des problèmes techniques de l’installation—surtout, comment contourner la loi contre l’affichage dans les espaces publiques non-désignés pour l’affichage—que j’ai résolu avec les fils de fer, une agrafeuse industrielle, de la colle très fort, et beaucoup de ruban adhésif. La journée de l’installation je suis partie de la maison vers 8h00 du matin, et j’ai fini vers 16h00. Je n’étais pas arrêté par les gendarmes (youpi) et personne n’a vraiment essayé de m’empêcher. Pendant le travail plusieurs m’en ont parlé, ce qui m’ai bien touché—surtout un petit enfant qui restait plusieurs minutes devant un des tableaux.

Cependant, j’avais imaginé au moins qu’il y aurait des gens avec lesquels mon travail résonné, ou pas, ou que ce projet auquel j’ai dévoué trois semaines jour et nuit aurait provoquer une réaction, d’un sort ou d’un autre—mais en fait je n’ai presque rien vu ni entendu sur le sujet. J’étais d’abord bien déçue : c’était comme si je répétais une pièce gratuite au public pendant des mois et puis le jour de la performance personne n’est venu. Je me demandais si mes tableaux étaient de la merde, si mes idées étaient de la merde, si c’était une faute énorme d’avoir écrit les cartons en anglais (ça, oui, c’était une faute), ou si j’avais choisi des endroits mauvais. Mais après avoir encore réfléchi, j’ai décidé de ne pas le voir comme un grand échec. J’avais commencé le projet comme un travail fondamentalement personnel, et malgré tous, je produisais plusieurs tableaux et idées qui parlaient des choses pertinents à moi dans une façon qui me plaisait. De plus, dès qu’on entre dans l’espace publique, on entre dans la quête pour l’attention des autres—une quête attirante mais dangereuse, parce que l’attention est capricieuse et beaucoup influencée par la chance. Et en fait puisque je n’installais pas les caméras de surveillance 24/7 je n’avais même pas une moyenne de voir l’une sur 1000 qui était peut-être bien touchée par mes tableaux.

Enfin, je suis contente d’avoir essayé, parce que si je n’avais pas essayé, je me demanderais toujours ce qui aurait pu se passer. Je suis bien reconnaissante pour tout le soutien que m’ont donné ma famille d’accueil, mes amis, et le programme de VWPP. Je ne sais pas si je vais finir les deux autres parties que j’avais prévu de faire au début (en fait, 27 tableaux, c’est beaucoup) mais je continue de peindre et d’aller aux expos et musées, en espérant que ma prochaine « expo » sera peut-être dans une galerie, plutôt qu’affiché aux murs.

Par Jenna Docher – Vassar’19