Tout le monde te dit que pendant un semestre à l’étranger, tu apprends plein de choses sur toi-même. Un séjour sert à ouvrir des portes inconnues. Ça sert à te pousser vers une véritable aventure, et peut-être même vers une vérité inexploitée. Après avoir vécu presque cinq mois à Paris, je peux témoigner que c’est vrai : tu apprends beaucoup sur toi-même. Mais quand je réfléchis à mes souvenirs de ce semestre, sur les obstacles et les leçons– c’est l’art du trajet qui m’a le plus appris.
Bien sûr, je parle un peu du trajet métaphorique : l’amour de soi, l’évolution, le voyage spirituel etc.. Mais surtout je parle du trajet littéral. C’est absolument nécessaire de faire la navette tous les jours pendant ton séjour ici. Paris est une ville que je connais depuis longtemps, mais mes souvenirs d’enfance ne m’ont pas trop aidé à m’y retrouver dans tous les arrondissements. En fait, ma confiance est rapidement tombée lorsque je suis arrivée à la porte de ma famille d’accueil. Je me suis retrouvé dans une rue inconnue du 15eme arrondissement de Paris, un quartier plutôt vaste que je ne connaissais pas.
Avec l’application de Google Maps (je suis tellement reconnaissante pour la technologie au XXIème siècle), j’ai rapidement retrouvé deux stations de métro à moins de 10 minutes à pied : la ligne douze et la ligne six. Aujourd’hui, je peux dire que je suis allée au bout des deux lignes, dans les deux sens chacune. Je sais quelle voiture de métro est la meilleure pour faire les transferts les plus efficaces, et je sais quels sont les arrêts les plus fréquentés.
Il faut bien apprendre les règles du métro immédiatement. Personne ne t’expliquera ces règles, donc il faut utiliser tes pouvoirs d’observation. Il y a plusieurs lignes qui sont plus nouvelles que les autres, où les portes s’ouvrent automatiquement. Dans les autres, les plus anciennes (rétro), il faut ouvrir la porte toi-même. Si tu ne sors pas du train mais que tu es devant les portes, ouvre-les pour les gens qui descendent ou entrent. En cas d’affluence (il y a des panneaux qui disent ça), ne t’assois pas dans les chaises pliantes. Si tu le peux, donne toujours ton siège à quelqu’un de plus âgé, des enfants, où des gens qui ont l’air de passer une mauvaise journée.
C’est la même chose dans le bus. J’ai des avis un peu mixtes sur le bus… Il y a des fois où j’ai attendu et attendu un bus qui n’est jamais venu. De l’autre côté, il y a des fois où j’aurais été complètement perdue dans le 18e à 3 heures du matin sans le bus. J’aime prendre le bus parce qu’il y a la vue. C’est beaucoup plus sympa de regarder par la fenêtre et voir le Louvre au lieu que ton reflet dans le métro (ou pire, le reflet de quelqu’un qui te regarde fixement). Il y a beaucoup de gens âgés dans le bus, et plein de petits enfants. C’est quelque chose de spécial de voir un petit garçon après l’école, en train de manger des morceaux d’une clémentine épluchée par sa nounou. Ou une petite fille avec du rouge à lèvres, appliqué par sa grand-mère dans un manteau de fourrure. Il faut bien faire attention à ton environnement, par contre. Le bus ne s’arrête pas automatiquement à tous les arrêts, et dans quelques bus, il n’y a pas d’indication sur les arrêts à venir. Il faut demander ton arrêt avant en appuyant sur le bouton rouge quand tu sais que le tien est le prochain.
Et enfin, mes modes de transport préférés : à pied et à vélo. Ils sont très différents– mais le fait d’être dehors, en train de naviguer dans la ville sans véhicule, est intouchable. Notre semestre ici, météorologiquement, n’était pas trop fantastique. Il faisait très froid quand nous sommes arrivés, et il a beaucoup plu tout au long de notre séjour. J’ai commencé mon voyage spirituel (je me suis abonnée à Vélib, le service de vélos en libre-service de Paris) au le mois de Mars. À cause des congés d’Avril, je savais que je ne voulais pas acheter le forfait mensuel pour le métro sur mon passe Navigo, donc j’ai décidé d’essayer le vélo. Rien n’aurait pu me préparer aux épreuves et aux tribulations du vélo à Paris, surtout avec Vélib. En fait, je suis très confiante dans ma capacité à faire du vélo. J’ai appris quand j’étais très jeune, et je fais du vélo chez moi à Washington D.C. et aussi à la fac à Middletown, Connecticut. Je suis convaincue que le vélo est une des meilleures façons de se déplacer dans une ville, surtout quand elle est adaptée pour les vélos. Paris a plein des pistes cyclables – mais il faut bien se méfier de tout et de tous.
Tout le monde dit que ce sont les cyclistes qui violent les lois. Et ben, oui, c’est vrai. Mais il faut savoir comment naviguer avec les gens qui veulent toujours te blâmer, toi, le cycliste. S’il n’y a pas de piste cyclable, reste toujours à droite des voitures. Souvent, les cyclistes partagent la voie avec les bus– mais les taxis peuvent aussi conduire dans ces voies-là. Donc attention aux chauffeurs de taxis qui te collent au train silencieusement. Ne porte pas d’écouteurs– jamais. Un, c’est dangereux. Deux, les flics vont te donner une amende. Trois, si tu ne peux pas entendre les insultes que te lancent les autres cyclistes, les piétons ou les automobilistes – tu ne vas jamais apprendre les bon mots français !
Mais plus sérieusement, le service de Vélib est génial. En théorie. En pratique, c’est complètement claqué. J’utilise l’application Vélib pour retrouver mes vélos, et je suis sûr de vérifier les avis avant de les prendre. C’est nécessaire de vérifier si les roues ont des problèmes, comme un pneu crevée. Avant de partir, essayez les freins. J’ai eu plusieurs vélos où seulement un frein marchait, et ce n’est pas la fin du monde. Mais ce n’était pas trop drôle quand j’étais en train de descendre une colline, très vite, et mes deux freins se sont cassés. Ce n’était pas exactement idéal quand je roulais tranquillement sur mon vélo et qu’une de mes pédales s’est complètement détachée d’un coup. Faire du vélo à Paris, c’est apprendre la résilience. C’est apprendre des réflexes rapides. C’est apprendre à faire avec (ou plutôt, à faire sans !).
Mais dans chaque moyen de transport, j’ai eu des moments tangibles de connexion. Le seul endroit où on me parle régulièrement comme si j’étais parisienne, c’est à la station d’accueil des Vélib. “Celui-ci fonctionne bien ?” Des blagues, échangées entre étrangers sur le manque de fiabilité d’un service que nous continuons à utiliser, tous les jours. Dans le bus, quand j’établis un contact visuel avec un enfant avec des doigts collants et seulement quelques dents. Quand un arrêt brusque fait rouler une poussette et j’attrape le guidon, le parent accablé s’excuse. Dans le métro, où la pratique du silence et de l’intériorité est bien établie, j’écoute la musique avec une amie et nous dansons sur la plate-forme. Je vois une femme qui lit le même livre que moi de Françoise Sagan, tête baissée et jambes croisées. Je me souviens de l’homme qui portait un casque audio, des lunettes de soleil, un manteau à carreaux et la broche d’une mockingjay des livres “Hunger Games.” Je pense à la petite fille qui rentrait avec ses parents, elle devait avoir douze ou treize ans, qui avait mis une photo du jeune Johnny Depp sur le fond d’écran de son iPod Touch. Ou bien la soirée où un jeune homme, déjà en état d’ivresse, est monté sur la ligne 7 avec une bière ouverte. Il s’est assis et il a commencé à fouiller dans son sac-à-dos. Finalement il en à retiré un calice : doré, énorme, presque médiéval. Il à versé l’entièreté de sa bière dans le calice, et à remis la bouteille vide dans son sac, proprement. Il buvait des petites gorgées et j’ai regardé, incrédule, en pensant: “j’adore le métro.”
Par Esmé Smith, VWPP Printemps 2024
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