Textes de l’atelier d’écriture créative (2/3)

Une brève histoire inspirée du séjour parisien

  • Par Noah Robie

Le jeune homme marcha dans le jardin à la recherche d’une phrase musicale qu’il entendit plusieurs pas plus loin. Il passa devant les gens assis sur les bancs, lisant seul ou discutant silencieusement avec leurs compagnes, sous la charmille de tilleuls. Il tenait les barreaux de la barrière rouillée et se repaissait de l’origine de la musique — d’un harpiste et de son immense instrument — juste en face, sous l’arche d’une arcade d’un bâtiment en briques roses avec un chaînage en crème. Le harpiste jouait un morceau qui exigeait toute sa force, ses bras et doigts à la fois pinçant les cordes comme on brise le cou pulpeux d’un pigeon qui gèle sur une branche d’un chêne et comme on caresse le bas mou du lobe d’une oreille. Tout cela, l’homme l’observa attentivement. Le tempo des feuilles qui tombent. 

Tout à coup, le jeune homme entendit le craquèlement de l’allée du gravier derrière lui. Il se tourna et vit un garçon sur un tricycle aussi rouge que son teint, refusant de suivre sa mère. Le jeune homme le regarda fixement sans rien dire. Le garçon scruta l’homme, en disant enfin quelque chose de profondément appuyé mais entièrement inintelligible. Ils partagèrent un silence. On ne pouvait entendre que les éclats de cils des interlocuteurs ou les chaussettes noires qui tombaient doucement plus bas sur la cheville. Décidant de recommencer, l’homme dit « Bonjour. Ça va ? » 

Le garçon continua à regarder attentivement l’homme, grimaçant. « Non », lui répond-il avec force. 

— Pourquoi ? » interpella l’homme. Il le regarda et attendit une réponse. Mais le garçon ne dit rien, ses iris étincelant. Et dans leur périphérie, car les deux ne voulaient pas casser leur regard pénétrant et interrogatif, les deux virent la mère du garçon s’approcher.  

— Maman ! » cria-t-il enfin, pédalant vers elle. « Le mec m’a demandé “pourquoi” ! » 

Il disparut, s’en allant en roulant derrière sa mère, comme la disparition lente et insistante des vibrations de cordes, pincées dans l’air. 

L’homme recommença à écouter.

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« Logo-rallye », exercice d’écriture avec termes imposés (fait en classe)

  • Par Teoman Soydan

Les pommes de terre et les sauterelles

Elles sont déjà là. On les a amenées de Versailles, pas à pas, quelque chose auquel elles ne s’attendaient pas. Leur maquillage coule tranquillement avec leurs larmes précieuses. L’ère des pommes de terre finissant, les sauterelles les retiennent par les bras, les mettant sur l’échafaud pour la cannibalisation de celles avec une vie modeste et pauvre alors que la leur était ostentatoire et riche. Leurs perruques pas aussi merveilleusement coiffées sont par terre et leurs vêtements sont en morceaux. Elles se sentent totalement impuissantes quand les sauterelles révolutionnaires préparent tous les éplucheurs. Le public commence donc à chuchoter. Mais aucune sauterelle ne va cligner des yeux, personne ne va agir quand on commencera à éplucher leurs peaux petit à petit, vu leur présence égoïste et insupportable n’étant plus acceptable sur la place de la Concorde.